3)- Les unités du théâtre méditerranéen
4)- Les unités du théâtre Européen
6)- Les Spitfire après la Guerre
8)- Le Spitfire à l’Ecole de Chasse de Meknès
1)- Le Spitfire
Si, un jour, vous avez la bonne idée de visiter la Grèce, vous rencontrerez, sur la route qui mène à Athènes en suivant la côte de la mer Egée, une statue monumentale. Elle représente un guerrier coiffé d’un casque; il tient un javelot à la main. C’est Léonidas, roi de Sparte, qui, en 480 avant notre ère, avec une poignée de guerriers grecs, a arrêté dans ce lieu des Thermopyles, la colossale et redoutable armée perse du roi Xerxès, sauvant ainsi la Grèce de la destruction.
Si un jour vous avez la bonne idée d’entrer dans l’espace que notre Musée a réservé aux avions de la deuxième guerre mondiale, le premier appareil que vous rencontrerez sur votre droite, en franchissant la porte, est aux couleurs de la Royal Air Force britannique. En 1940, à l’instar des guerriers de l’antiquité grecque, une poignée de ces avions, aux mains d’une poignée de pilotes, a arrêté la monstrueuse machine de guerre d’Hitler sur le point d’envahir l’Angleterre. Le monde entier connait la déclaration de Winston Churchill : « Never was so much owed by so many to so few ». Ce qui signifie littéralement : « Jamais autant n’a été dû par un si grand nombre à un si petit ». Cet avion porte un nom : Spitfire.
Appareil mythique, symbole, bien au-delà de tous les autres, de la guerre aérienne de 1939 à 1945, le Spitfire a été construit à 21.554 exemplaires en 24 versions différentes, pendant toute la durée de la guerre. Il a été présent sur tous les théâtres d’opérations, de la Birmanie à l’Angleterre et du Liban à l’Egypte. A la fin de la guerre, s’il n’était plus l’unique chasseur de la R.A.F, il équipait encore de nombreuses unités du Fighter Command. Tout le long du conflit, il a reçu des moteurs de plus en plus puissants, un armement de plus en plus lourd, mais il a toujours gardé la même structure générale ; tous les Spitfire sont des Spit et il faut être un spotter de haut niveau pour détecter, à l’œil nu, le détail qui diversifie les uns des autres, pour peu que le moteur soit en marche. En ce qui me concerne, je suis incapable de reconnaître un Spit I d’un V et je ne reconnais un Spit V d’un IX qu’à l’observation des radiateurs et des pots d’échappement. Pourtant, la puissance est passée de 1.030 ch à plus de 2.000 et la vitesse de 530 km/h à 650 km/h.
Tous les Spit ont reçu un moteur Rolls Royce, Griffon pour les derniers exemplaires, mais surtout Merlin pour les autres. Moteur mythique, lui aussi, le Merlin, sous ses différentes versions a équipé un nombre impressionnant d’appareils, du Hurricane au Lancaster, en passant par le Mustang et le Mosquito.
En s’inspirant du dessin de l’hydravion de course Supermarine S6B, vainqueur de la Coupe Schneider en 1931, l’ingénieur Reginald J. Mitchell, répondant aux spécifications émises en 1935 par le gouvernement britannique concernant les avions de chasse, a conçu le prototype K5054. Equipé du moteur Merlin C de Rolls Royce, il prit l’air, pour la première fois le 5 mars 1936. La première apparition du Spitfire au public remonte au 27 juillet 1936, au meeting de Hendon. Le Squadron 19 de la R.A.F a été le premier à faire voler un Spitfire, le 4 août 1938; il était armé de huit mitrailleuses Browning, calibre 7, 7 mm.
Les versions les plus connues du Spitfire sont les Mark I (celui de la Bataille d’Angleterre de 1940), son moteur, le Merlin II de 1.030 ch lui donnait une vitesse de 530 km/h; le Mark V équipé du Merlin 45 de1470 ch, arrivé en 1941 et le Mark IX équipé des Merlin 61, 63, 66 ou 70 de 1650 ch (données moyennes, les puissances variant suivant que le moteur est au banc, monté sur avion ou en vol) qui lui donnaient une vitesse dépassant les 650 km/h et qui est arrivé en 1942 pour répondre à la menace des Focke Wulf 190.
Les caractéristiques du Spit IX sont les suivantes :
-envergure : en fait, il y avait trois types d’ailes adaptées aux différentes missions attribuées à l’appareil: F, pour Fighter: envergure standard de 11,23m; LF, pour Low Fighter;: envergure courte de 9,88m pour utilisation à basse altitude; HF, pour High Fighter: grande envergure de 12,24m pour une utilisation à haute altitude.
-longueur : 9,46 m
-hauteur : 3,86 m
-motorisation : un moteur Merlin 63.
-puissance : 1.695 ch à 10.000 pieds (3.000 m), au régime de surpuissance.
-armement :
2 canons de 20 mm.
4 mitrailleuses de 7,7 mm.
charge de bombes de 450 kg.
poids à vide : 2256 kg
normal de décollage : 3351 kg
maximum en charge : 4.310 kg.
Avec 5.685 exemplaires construits, il est le plus nombreux de tous les Spit, surtout si on y ajoute les 1.054 exemplaires du Spit XVI qui n’est qu’un Mark IX à moteur américain Packard, avec une dérive un peu plus pointue.
En 1939, le Spitfire était le seul chasseur qui pouvait être comparé au Messerschmitt Bf 109E allemand. Son principal avantage sur son adversaire était la merveilleuse maniabilité que lui donnaient ses ailes elliptiques. Ses inconvénients se trouvaient dans sa faible autonomie (en ce qui concerne les pleins internes des avions, il est intéressant de mettre en parallèle les 386 litres d’essence du Spit MK II, les 500 litres du MK V et les 700 du MK IX, avec les 697 litres du Mustang I ou les 1.019 litres du Mustang III) et dans son train étroit qui rendait ses manœuvres au sol un peu délicates.
Plutôt que de chercher à vous décrire le Spitfire sous toutes ses facettes, exercice que d’autres ont fait, bien avant moi, je vais essayer de vous présenter les unités dans lesquelles des Français ont piloté cet appareil de légende.
Article extrait du Pégase n°135 de décembre 2009.