Pour clore en beauté l’année 2024, l’AAMA a proposé à ses membres une rencontre exceptionnelle, qui entre dans notre activité des Visites Exclusives et qui n’ont jamais aussi bien portées ce nom.
En effet, notre groupe de passionnés était accueilli en ce début du mois de décembre par Didier Chable, fondateur du Musée de l’Aviation de Melun Villaroche (MAMV), sur l’aérodrome de Melun-Villaroche.
Cette ancienne base aérienne fut surtout connue comme une annexe du Centre d’Essais en Vol (CEV) de Brétigny, où se déroulaient certains essais en particulier pour Dassault et le motoriste SNECMA.
Le hangar dans lequel nos membres ont fait leur entrée, est à lui seul un morceau d’histoire qui vaut le détour. Il s’agit en effet d’une prise de guerre, l’ensemble ayant été récupéré en Allemagne et reconstruit à Melun en 1952, puis il servit pour le CEV. De construction Eiffel, il offre une architecture tout à fait exceptionnelle sur plus de 10 000 m².
Nombre de nos adhérents avaient pu apercevoir l’intérieur de cet abri lors du dernier meeting Air Legend, au cours duquel les portes avaient été grandes ouvertes, laissant apparaître cette collection sans pouvoir autant s’en approcher.
En effet, même si l’objectif est de faire de ce lieu un musée, il n’est pas encore aux normes pour accueillir du public. Il s’agit donc d’un véritable privilège pour nos membres de pouvoir caresser les fuselages de ces morceaux de l’histoire de l’aéronautique.
Didier Chable, notre hôte, est un ancien instructeur-pilote entré au Centre d’Essais en Vol en 1976, il est l’un des fondateurs de l’Association des Mécaniciens Pilotes d’Aéronefs Anciens (AMPAA), dissoute en 2021 pour devenir aujourd’hui le Musée de l’Aviation de Melun Villaroche. Cette association, a prouvé depuis plusieurs décennies son savoir-faire dans la récupération d’aéronefs d’exception et leur restauration.
Une trentaine d’appareils sont réunis ici, certains sont remis en état de vol et d’autres destinés à être présentés en statique.
Notre guide du jour nous a alors conté avec passion et moultes anecdotes l’histoire unique de chaque appareil. Comme leur récupération à l’autre bout de la France, de l’Europe ou du monde. Dans quelle zone civile ou terrain de guerre l’avion a opéré. Allant jusqu’à nous montrer des impacts de balles illustrant leur baptême du feu.
Voici un aperçu des machines volantes mythiques que nous avons pu découvrir lors de ce parcours privé.
La réplique d’un Blériot XI, type Traversée de la Manche, fabriquée au plus près des techniques d’époque. Pendant une quinzaine d’années Didier Chable s’est entouré d’une équipe de spécialistes pour refaire tous les plans et arriver à ce résultat. Avec son moteur Anzani de 25cv fonctionnel et son entoilage en coton comme celui d’origine, il est en état de voler et on peut retrouver cette aventure dans le documentaire de 2021 Louis Blériot, l’impossible traversée.
Didier Chable l’exposa lors du Salon du Bourget de 2019.
Le Grumman TBM Avenger, le fameux bombardier torpilleur de la guerre du Pacifique.
Seul exemplaire qui existe en France, il porte un insigne de coyote appartenant à un escadron anglais de la Fleet Air Arm et les fameuses bandes d’invasion sur ses ailes.
Il volait pendant la Seconde Guerre mondiale en mer du Nord pour combattre les sous-marins allemands. Il s’agissait du premier avion qui intégrait une torpille à l’intérieur du fuselage avec un système de trappes hydrauliques.
Le Westland Lysander, connu pour atterrir de nuit en rase campagne française et déposer (moteur en marche) des résistants, agents spéciaux et autres personnalités.
L’Iliouchine Il-10 de la famille des Sturmovik, qui signifie avion d’attaque, connu pour avoir stoppé les mouvements des chars allemands sur le front russe en 1944-1945. Sa caractéristique principale étant sa partie avant blindée et son pare-brise de 8cm d’épaisseur. Un modèle est en exposition statique et un second en cours de restauration afin de le remettre en état de vol.
Le fameux Polikarpov Po-2 en deux exemplaires, l’avion école biplan des Sorcières de la nuit. Surnommé ainsi, car il équipait pendant la Seconde Guerre mondiale un régiment russe composé uniquement de femmes, qui harcelaient les troupes allemandes en les bombardant de nuit.
Des éléments de bombe volante V1, ont particulièrement attiré l’attention du public d’amateurs.
Découverts près d’un centre de lancement basé au nord de Rouen, ces exemplaires s’étaient crashés non loin de leur point d’envol, comme 10 à 15% des V1, faute de démarrage de leur pulsoréacteur.
Un exemplaire est en cours de restauration complète et l’autre est conservé en l’état, permettant de mieux appréhender son fonctionnement : compas, explosif, essence, gyroscopes, vérins à air comprimé…
Un magnifique exemplaire d’Alouette II, confié par le musée de la Gendarmerie nationale de Melun, est exposé. Il s’agit du premier hélicoptère à intervenir lors de la catastrophe liée à la rupture du barrage de Malpasset à Fréjus en 1959.
Un Bristol Blenheim, chasseur bombardier rapide utilisé de 1940 à 1943 par les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL) basées en Grande-Bretagne, effectue ici son devoir de mémoire.
L’association a recueilli le B-25 Mitchell qui s’était posé en catastrophe en 2011 à proximité de l’aérodrome. Cet appareil, bien connu du public pour ses apparitions régulières au meeting de la Ferté-Alais, a connu un incendie de son moteur droit avant de se poser dans un champ. Il est prévu de le restaurer pour une exposition statique.
Un majestueux Hurel-Dubois HD-34 de 45m d’envergure domine au milieu du hangar. Aux couleurs de l’Institut Géographique National français, il est spécialement équipé avec un poste d’observation vitré à l’avant, des logements pour le matériel photographique et des capteurs de prélèvement d’air.
Un exemplaire du Skyraider, en version d’attaque de nuit des sous-marins équipé de radars, trône à l’entrée du hangar, prêt au décollage.
A noter que deux de nos membres, Jacques Beaudeaux et Patrick Genty, anciens pilotes dans l’armée de l’Air, ont pu retrouver de vieux compagnons qu’ils ont côtoyés de près comme les Mirage III, Fouga Magister, Mystère IV ou encore le T-6.
D’autres pièces mythiques sont également conservées dans cet écrin d’un hectare : Messerschmitt Bf 108 Taifun, Farman 40, Bücker Bü 181 Bestmann, Junker Ju 52, Morane-Saulnier MS 505 (dérivé du célèbre Fieseler Storch), une réplique de Latécoère 28 hydravion, Morane Saulnier MS 733 Alcyon, North American T-28 Fennec, Mudry CAP 21…
Il n’y a pas que machines équipées de moteurs, car on peut trouver quelques planeurs : un classique Castel 25S, qui fait penser au film La grande vadrouille, ou une aile volante, toujours impressionnante, Fauvel AV-36.
Passant devant d’autres appareils qui nécessiteront une restauration, comme le Fairey Firefly, étrange biplace, Didier Chable s’arrête à l’épave d’un Douglas SBD Dauntless pour en nous en expliquer sa mission.
Pour terminer la visite, nos membres découvrent un alignement de blocs présentant l’évolution du moteur à pistons, du monocylindre de quelques dizaines de chevaux à l’impressionnant Pratt & Whitney 28 cylindres en quadruple étoile de 71 litres développant 3500ch, qui équipait notamment l’Hercules d’Howard Hughes.
Nous achèverons cette journée par la traditionnelle photo de groupe, prise au pied de l’enseigne du musée.
Avec tous nos remerciements à Didier Chable pour sa disponibilité et ses passionnants commentaires ainsi qu’à l’ensemble des bénévoles de l’association MAMV pour leur travail d’orfèvre et pour cet incroyable voyage dans le temps.
Et bien entendu un grand merci au vice-président de l’AAMA Jean-François Louis, pour l’organisation de ce moment d’exception.
Jean-Baptiste Artignan (AAMA)
Remerciements à nos membres Pierre Brémard, Pascal Brugier, Jean-Pierre Cornand et Jean-François Louis pour leurs photos.