L’AAMA aux Journées du Patrimoine 2025 au Musée de l’Air

A peine notre présence au meeting Air Legend à Melun terminé, qu’il fallait s’occuper de notre engagement aux Journées du Patrimoine, les 20 & 21 septembre.

Comme cet événement est particulièrement apprécié de nos animateurs (accompagnateurs et bénévoles), notre vice-président Frédéric Buczko en charge de ce groupe, n’a rencontré aucune difficulté à mobiliser une équipe. Ils seront 19 pour ce week-end, en alternance ou sur les deux jours, dans une ambiance toujours très conviviale.

L’exercice est bien rodé, rendez-vous au Bourget pour prendre notre matériel, convoi vers Dugny, installation de nos produits et avant l’ouverture au public, il reste suffisamment de temps pour visualiser le site et discuter avec le personnel du Musée.

Le samedi, le soleil n’était malheureusement pas au rendez-vous et une bonne partie de la journée s’est déroulée sous une pluie intermittente et désagréable, décourageant les visiteurs.

Ce furent principalement des fanas, dont plusieurs membres de notre association avec qui nous avons toujours plaisir à discuter. Ils ne manquent jamais de nous partager leurs photos pour participer à la communication de l’AAMA.

Les conditions météorologiques seront heureusement nettement meilleures le dimanche.

Nos bénévoles n’ont pas démérité tout le long du week-end. Notre stand était posé, et abrité sous une tente mise à notre disposition par le Musée, à côté de l’accueil du Musée, point de rendez-vous pour le départ des visites. Cela permettait à nos Amis de présenter notre association, de discuter avec des passionnés ou des profanes des choses de l’air.

Eric bravant la pluie

Nos accompagnateurs ont pour leur part, et comme à l’habitude, présenté les avions exposés à l’extérieur, lorsque le temps le permettait, et à l’intérieur des ateliers.

Alain

Louis

Michel

Frédéric

Claude

Laurent

Avec Frédéric dans le Noratlas

A remarquer que depuis deux ans, provenant d’Irlande, arrivent un groupe de passionnés qui font le déplacement uniquement pour cette ouverture exceptionnelle des réserves du Musée de l’Air. Leur temps de visite est très court et avec l’accord des personnes de la Conservation, nos accompagnateurs parlant l’anglais ont pu leur faire découvrir rapidement, en dehors du circuit, le Noratlas ainsi que le hangar Bermuda.

Eric dans le hall Bermuda


Petite surprise sur le tarmac, un Douglas B-26 Invader du groupe Gascogne tout fraichement arrivé depuis les Ailes Anciennes de Toulouse, où il était en dépôt depuis 1996. Seule l’aile gauche a été véritablement restaurée. Curieusement une paire d’ailes se trouve un peu plus loin !

Nos Amis faisaient surtout observer le travail de restauration sur la Caravelle dite du général de Gaulle, depuis l’année dernière. Le revêtement sable appliqué au rouleau par l’équipe des ateliers, dont elle est recouverte, est du PROPACO, protection provisoire utilisée en particulier par les avionneurs quand une machine doit attendre longtemps avant de recevoir sa peinture définitive. Elle sera ensuite remplacée par une couche verte anticorrosion aéronautique avant l’application de la décoration finale.

L’aménagement intérieur est lui en cours de restauration, les sièges de l’équipage étaient d’ailleurs visibles dans l’atelier entoilage.

Ils ont eu l’excellence idée de parer la Caravelle de deux petits drapeaux français aux hublots des pilotes, marquant ainsi sa carrière au service de la présidence de la République.

Plusieurs nouveautés à voir cette année dans ce vaste hangar HM2, baptisé Pierre Lissarrague après la disparition du directeur du Musée de l’Air de 1972 à 1985, tout d’abord la présence de la magnifique Alouette III aux couleurs de la Sécurité Civile, avec une belle vue sur le poste de pilotage et ses pâles repliées, arrivée en vol au Bourget en 2009, déjà !

Autre vision sur le poste de pilotage du Super Etendard Modernisé arrivé au Musée en 2010, avec l’envie de grimper à bord.

Les moteurs passent souvent inaperçus, mais ils sont indispensables aux avions qu’ils équipent. Trois étaient présentés, en finition ou en entretien préventif. L’imposant Breguet-Bugatti, double moteur en tandem qui était monté sur le Breguet Léviathan, ainsi qu’un moteur en éventail de Robert Esnault-Pelterie et un Clerget en étoile.

La priorité étant donnée à la Caravelle, il y a eu peu d’avancée sur le tronçon avant du Boeing 707 Château de Maintenon, qui nous intéresse particulièrement étant la pièce maîtresse intégrée dans notre mécénat au Musée de l’Air signé en 2022


La vedette, inédite, du week-end fut incontestablement le Nord 2501 Noratlas, ouvert à la visite. Le général Gilles Villenave, directeur adjoint du Musée de l’Air et de l’Espace, qui nous avait fait part de son souhait lors d’une réunion en début d’année, s’est fait un plaisir d’en commenter personnellement la visite.

Il indiquera que cela lui rappelle son premier vol lorsque enfant, il fut passager dans un Noratlas en direction de la Corse où son père militaire avait été muté.

Il précisera qu’il se souvient de plusieurs vols à bord lors de sa carrière, avec ce bruit important des vibrations des planchers en bois.

Afin d’avoir plus de lumière et d’agrémenter la visite les coquilles à l’arrière pour le chargement étaient ouvertes avec les sécurités enclenchées comme il se doit.

Non visible par le public, car dans une des portes, un rideau cache, autant que possible, les commodités pour l’équipage, avec un siège des plus rustique et au bout d’un tuyau en caoutchouc rouge, un entonnoir, permettant d’évacuer les fluides corporels à l’extérieur de la carlingue par un passe-coque !

Rappelons que voulu par l’armée de l’Air française, le Nord 2501 fut construit en 426 exemplaires, dont 208 pour notre pays. Entré en service en 1954, la carrière du dernier Noratlas s’achèvera en 1989. Celui présenté, le n°162 fut pris en compte en juin 1958 par l’armée de l’Air et transféré au Musée en 1988, après 11 665 heures de vol. Il se trouve dans un relatif bon état de conservation, d’ailleurs pour ce week-end, il a juste été nettoyé !

Evidemment, l’entoilage des parties mobiles des ailes et de l’empennage n’a pas résisté après tant d’années stationné à l’extérieur, mais ça se refait.

Le poste de pilotage est presque complet et seules les parties en mousse ont subi les affres du temps. On peut voir le poste du radio et celui du navigateur avec encore la présence du dérivomètre.

Le directeur adjoint Gilles Villenave délégua cette présentation à notre président Jean-Pierre Cornand pour le dimanche. Rédigeant un article pour notre revue Pégase sur ce vénérable appareil, il était paré pour assumer pleinement cette mission. Preuve d’une bonne coopération entre le Musée et l’AAMA.


Tandis que nos animateurs s’affairaient à leurs tâches, une équipe de la Conservation et de la régie des collections du Musée de l’Air, menée par sa directrice Marie-Laure Griffaton, prenaient en charge les visites des quatre bâtiments des réserves.

Dans la réserve Jean-Paul Béchat inauguré en 2017, les visiteurs étaient accompagné par une régisseuse, qui les recevant dans un sas, expliquait les caractéristiques particulières que procure ce bâtiment, en termes de température et hygrométrie, pour la préservation des objets les plus fragiles. Bois, toiles mais également tissus et d’autres tout aussi délicats.

Entrant enfin dans la zone régulée et retrouvant un collègue, ils évoquaient la résistante et pionnière de l’aviation militaire : Suzanne Jannin, à travers plusieurs archives et objets, que le Musée a réceptionnés suite au don de l’Association Française des Femmes Pilotes.

Autre duo, autre ambiance, la volumineuse RGF (Réserve Grands Formats), réceptionnée en 2024 et qui porte bien son nom. Dès l’entrée le public ne pouvait que remarquer l’imposant Constellation, entré il y a quelques mois seulement.

Tout autour de nombreux autres appareils ont rejoint également ce bâtiment. Le prototype du Dassault Mystère 20, auquel il manque toujours la pointe avant, la Corvette d’Aérospatiale, une maquette au ¼ de l’avion électrique à énergie solaire Solar Impulse, arrivée très récemment, ou le SAAB Draken.

On y retrouve ceux qui y ont trouvés refuge depuis plus d’un an, le Heinkel 162, le Westland Lynx, le célèbre Bernard 191 Oiseau Canari, de la première traversée française de l’Atlantique Nord en 1929 avec Assolant, Lefèvre et Lotti plus un passager clandestin du nom de Schreiber ! Sans oublier le B-26 Invader, dont l’AAMA géra le don de M. Henri Coisne pour sa restauration.

Cette année la réserve tampon, nommée HT3000 ouverte en 2021, remplie d’appareils en bon état, était aussi visitable. Nous y voyons surtout le Vautour, qui pour l’AAMA a un consonance particulière. Notre association avait géré le mécénat du généreux donateur Henri Coisne de 1997 à 2007, pour sa restauration et celle de l’Invader.

Nous sommes toujours intéressés pour que le public puisse un jour l’admirer au Bourget et découvre le résultat du mécénat d’Henri Coisne.

S’y trouve également la maquette de la navette Hermès, dont notre association finança le transfert de Toulouse au Bourget en 2005.

Autre bonne initiative, la visite du hall Charles de Gaulle, plus connu sous la dénomination de Bermuda, du nom de l’avion qu’il héberge. Il était rarement ouvert depuis la disparition de Rachid Bradaï en 2019, qui tenait à bout de bras l’association Les Ailes de la Ville, dorénavant dissoute.

Presque en catimini, les groupes pénétraient dans une partie du bâtiment, où se cache l’hydravion Bermuda et de nombreux moteurs. Dans ce lieu, l’historique Breguet XIX Nungesser et Coli, attend sagement son heure.

L’utilisation de cette réserve avec sa toiture laissant entrer la lumière, est à étudier.


Le Musée de l’Air et de l’Espace, côté Le Bourget, a accueilli tout de même beaucoup de visiteurs dans le cadre de ces Journées du Patrimoine, malgré cette météo pluvieuse le samedi.

Par bonheur, l’essentiel des animations proposées se déroulaient en intérieur. Dimanche, une météo plus clémente permettra aux visiteurs de déambuler sur le tarmac, découvrant les avions habituellement présentés, récemment revenus de Dugny après le Salon du Bourget.

Sur ce même tarmac, l’attraction principale a consisté, comme chaque année, en la visite de l’Airbus A380, arrivé en 2017. Tout au long des deux journées, de longues files d’attente se sont étirées pour la visite de cet appareil emblématique.

L’intérieur a été maintenu en configuration avion d’essais avec, par exemple, vers le milieu du pont principal, les postes équipés d’ordinateurs, les bonbonnes d’eau destinées à lester l’appareil, etc.

Un revêtement, adapté à de fréquents passages, a été posé sur le plancher d’origine et facilitera le nettoyage, des matériaux de toutes sortes encombrent les côtés, montrant que les travaux ne sont pas terminés. Le plafond restera à nu, permettant de voir une partie de l’impressionnant câblage. Rappelons que pas moins de 500 kilomètres de câbles peuplent cet avion !

Le plancher du pont supérieur a été moquetté et des aménagements y sont en cours, tels l’installation de nombreux casiers à bagages identiques à ceux de la version commerciale, des sièges, pour l’instant empaquetés de toiles plastiques, ainsi que vers l’avant un certain nombre de cabines de classe Business.

Malgré la brièveté de cette visite et la lente avancée des aménagements, l’A380 suscite toujours autant de fascination auprès du public.

A l’étage de l’ancienne aérogare est ouvert, depuis son inauguration en juin, le hall NAVACA, consacré à la navigation aérienne et au contrôle aérien. L’exposition, présentant pas moins de 170 objets, se répartit sur plusieurs salles, suivant un parcours chronologique.

On nous fait tout d’abord découvrir les premiers instruments de navigation, encore sommaires et relativement imprécis, sextants, compas, altimètres, anémomètres entre autres. On évoque le rôle capital et délicat tenu par le navigateur dans les premières longues traversées.

On passe ensuite par les premiers radars et balises, pour arriver dans une autre salle à notre époque contemporaine, avec l’exposition d’un poste de contrôleur aérien, des radars et émetteurs de plus en plus puissants et performants.

Et combien d’autres choses encore dans cette exposition permanente, magnifique et instructive !

Comme à l’accoutumée, la mezzanine au-dessus de la Grande Galerie a accueilli l’atelier de construction Kapla. Les enfants ont pu exercer leurs talents de (futurs ?) architectes en construisant des maquettes en bois. Réalisant peut-être l’ancienne aérogare du Bourget, ou le plus souvent avions, bateaux, ou même une remarquable Tour Eiffel d’au moins 1,50 mètre !

Le hall consacré au Normandie-Niemen a rencontré un vif succès, les membres du Mémorial racontant avec passion l’histoire de ce prestigieux groupe de chasse. Au-delà de tous les éléments habituellement présentés, deux d’entre eux ont évolué vêtus d’authentiques uniformes du Normandie-Niemen, posant fièrement devant le vénérable Yak 3, dans ce hall ouvert en 2015.

Il ne s’agirait pas d’oublier dans le salon Dollfus les remarquables œuvres des Peintres de l’Air. Toiles représentant parfois des avions stylisés, mais le plus souvent des tableaux mettant à l’honneur des avions actuels, Mirage 2000, Rafale, Airbus A400M entre autres, avec une précision telle que l’on croirait voir des photographies. Signalons un tableau étonnant représentant les nez de 36 avions différents.

Détour indispensable par le Mémorial des Aviateurs, sur la mezzanine du hall de la Cocarde. Ce mémorial, créé en 2016 recense les pilotes français décédés au combat, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’aux récentes opérations extérieures. Un écran tactile multimédia permet de retrouver quelques 14 000 pilotes actuellement répertoriés, disparus lors des différents conflits, mais cette liste est loin d’être exhaustive, et le travail d’archivage se poursuit. 

Pour sa part, le lieutenant-colonel Abadie, spécialiste de l’aviation concernant le premier conflit mondial, s’est attaché à nous présenter les As. Il récapitule d’abord les prémices de l’aviation militaire, lorsque l’état-major n’avait que mépris pour ces aviateurs que l’on prenait à tort que pour des sportifs un peu fous… Jusqu’à ce que le 3 septembre 1914 un Farman repère du haut des airs le changement de direction pris au sol par l’armée allemande, ce qui permettra de remporter pour la France la (néanmoins douloureuse) Bataille de la Marne.

L’état-major prendra enfin conscience de l’utilité que pouvait présenter l’aviation. Après les premiers bombardements très sommaires, on en viendra petit à petit à la chasse. Le but premier était d’abattre les avions ennemis tentant de survoler nos lignes. Les avions engagés et les armements allaient très vite progresser, et les victoires aériennes se voir comptabilisées. Il fallait obtenir un minimum de cinq victoires pour être considéré comme un As.

Avec une passion qui ne faiblit pas, Jean-Emmanuel Terrier, historien au Musée et également membre AAMA, racontera l’histoire de Paris-Le Bourget, de ses origines à des fins militaires en 1914, en passant par le début de l’aviation commerciale en 1919, ensuite sa vocation aéroportuaire après la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à l’ouverture progressive du Musée de l’Air et de l’Espace en 1975.

Et enfin sa configuration actuelle, composée au sud du Parc des Expositions, au centre du Musée, et au nord du plus grand aéroport d’aviation d’affaires d’Europe.


Nous remarquons que depuis quelques années, les lieux visitables pour cet événement européen ayant fortement augmenté, sans compter les nombreuses activités proposées côté Le Bourget, les visiteurs se font moins nombreux à Dugny.

Cette année n’a pas dérogé à cette tendance, malgré l’ouverture exceptionnelle du Noratlas et les visites, rarissimes, des quatre bâtiments de conservation.

Tentons avec le Musée de l’Air d’apporter un regain d’intérêt pour ces réserves où se cachent de nombreux trésors.

Frédéric Buczko et Eric Le Faucheur (AAMA)

Remerciement à nos membres Eric Domage, Eric Le Faucheur, Philippe Picherit et René Protois pour les photos

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