Depuis toujours le Musée de l’Air a des besoins d’emplacements couverts pour abriter ses collections. C’est devenu impératif depuis les travaux enclenchés dans la Grande Galerie, les avions se retrouvant bâchés dans la salle des huit colonnes.
A partir de 2010 Catherine Maunoury, alors directrice du Musée, n’a pas ménagé sa peine pour rechercher des financements et des mécènes. Ses efforts se sont concrétisés avec les travaux sur la façade de l’aérogare puis en juin 2014 avec un mécénat du GIFAS matérialisé lors de l’arrivée de l’hélicoptère expérimental X3.
Dès 2015, lors de notre assemblée générale, un hangar était annoncé à Dugny pour les appareils les plus fragiles en bois et toile. A notre assemblée de 2016 le chantier était programmé et une vue d’artiste était présentée. Ce dossier fut traité rapidement. Nous l’avons constaté lors des journées du Patrimoine de l’année dernière où l’on pouvait voir que le chantier allait débuter. En février dernier, notre président d’alors François Chouleur participait au Conseil d’administration du Musée de l’Air présidé par le général Abrial qui se déroulait à Dugny. Une visite du chantier du hangar «bois et toile» était organisée sous la direction du maître d’œuvre et architecte Jean-François Schmit. Neuf mois plus tard, le hangar était sorti de terre comme nous pouvions l’admirer lors d’Aéropuces d’octobre.
La structure du bâtiment est constituée de portiques métalliques revêtus d’un bardage à l’extérieur et à l’intérieur d’une couche de 20cm de laine de verre pour l’isolation. L’entrée se fait par un sas au centre de la façade côté ateliers du Musée. La surface est suffisante pour travailler sur un avion hors zone contrôlée. Le rez-de-chaussée est de 2000m² plus 1000m² en mezzanine. Sur celle-ci se trouvent les systèmes de conditionnement d’air pour maintenir une température de 16 à 19C° et un contrôle de l’humidité. Aucune ouverture n’apporte de lumière extérieure fortement proscrite pour une bonne préservation. Quelques pièces sont déjà à l’intérieur, le planeur Fauvel, l’hydravion Donnet-Lévêque de 1912 et le Monocoque Deperdussin. D’autres suivront à partir de janvier comme le Farman 192, l’historique Breguet XIX « Nungesser et Coli »…
Dans l’axe du sas, qui servira pour un dépoussiérage et un pré bilan des appareils entrants, est installé un portique pour le transport de charges lourdes. La chape de béton traitée anti-poussière a été coulée à la fin des travaux afin qu’elle ne soit pas altérée par le passage des engins de chantiers.
Le nom de baptême met à l’honneur «Jean-Paul Béchat» administrateur au Conseil du Musée de l’Air, ancien dirigeant de la SNECMA, de la SNPE et de SAFRAN, membre de plusieurs associations dont l’AAMA, décédé en 2014. Il fut un ardent défenseur des projets du Musée de l’Air avec la recherche de financements de ce hangar auprès des industriels du GIFAS. C’est un bel hommage qui lui est rendu en donnant son nom à ces réserves.
Le jour tant attendu est enfin arrivé le 23 novembre 2017.
Les invités devaient se rendre à Dugny pour l’inauguration programmée à 15 heures.
La pluie n’était pas conviée mais elle avait décidé de gâcher cette journée. Heureusement les ateliers ont servi d’abri dans l’attente du préfet Pierre-André Durand représentant la ministre de l’Armée Florence Parly, permettant aux personnes conviées d’entamer quelques discussions.
C’est sous des trombes d’eau qu’Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation et président du GIFAS, dévoila rapidement le panneau indiquant la réserve Jean-Paul Béchat.
A bon escient le ruban tricolore fut déplacé dans le sas puis, de concert et munis de ciseaux la veuve de Jean-Paul Béchat, Eric Trappier, le général Abrial, le préfet Pierre-André Durand et le nouveau maire du Bourget Yannick Hoppe ont découpé le morceau de tissu qui marque l’officialisation de l’événement.
C’est le conservateur en chef Christian Tilatti qui s’exprima en premier dans le sas, indiquant l’impérieux besoin de cet édifice spécialement conçu pour une bonne préservation des avions mais aussi des peintures, des objets artistiques, des uniformes, des photographies, des plans les plus fragiles. Après que la porte donnant dans l’immense cathédrale fut ouverte, il continua son exposé en précisant que le Musée assume son rôle de conservation du patrimoine aéronautique et de transmission de cet héritage exceptionnel et unique au monde.
Qui pouvait le mieux présenter le bâtiment si ce n’est l’architecte qui l’a conçu ?
C’est donc Jean-François Schmit qui prit la suite. Il a déjà œuvré dans l’aéronautique (centre d’entretien Air France à Toulouse, bâtiment Ariane 6 aux Mureaux) et explique les contraintes techniques pour arriver à ce résultat qui s’inscrit également dans la continuité visuelle du hall Bermuda.
Les officiels se sont ensuite relayés. A tout seigneur tout honneur, Eric Trappier fut le premier à intervenir. Il rappela la genèse du mécénat du GIFAS et souligna, avec justesse, le rapport de continuité entre le passé et le futur. La nouvelle usine d’Airbus Helicopters n’est-elle pas à quelques encablures des ateliers du Musée ? Il rendit aussi un vibrant hommage à celui qui s’était investi pour que ce cocon protecteur soit une réalité : Jean-Paul Béchat. Il confirma, ce qui nous avait été annoncé il y a quelques mois, qu’un deuxième hall de réserve de 6000m² sera édifié sur le site pour abriter les appareils métalliques de grandes tailles.
Il conclut en indiquant une volonté certaine de continuer à investir pour le Musée de l’Air.
Bien habitué des lieux, le général Stéphane Abrial lui succéda remerciant le GIFAS pour son généreux don et le résultat qui en découle et saluant l’engagement des industriels français pour la mémoire aéronautique tellement forte en France.
Le général Fleury de l’armée de l’Air ajouta que le Musée de l’Air est le deuxième des musées de l’Armée et que cette nouvelle réserve lui permet d’assurer sa mission de sauvegarde du patrimoine.
Le préfet Pierre-André Durand clôtura cette séance assurant le Musée de l’Air de son soutien et qui, selon lui, est le lieu culturel de la Seine-Saint-Denis le plus fréquenté.
Tandis que les invités rejoignaient le cocktail qui leur était offert, quelques uns paraphaient le livre d’or créé pour cet évènement important.
Cette inauguration était aussi la première présence de la nouvelle directrice du Musée, Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, qui n’a pas encore pris place dans ses bureaux fussent-ils provisoires. Elle n’a pas été directement impliquée dans cet évènement, mais ce n’est que partie remise. Naturellement elle a été très sollicitée pendant cette après-midi. Pour la majorité des participants c’était un premier contact et ce fut le cas pour notre président Alain Rolland, qui a eu l’occasion de s’entretenir quelques instants avec elle. La directrice lui indiqua nous suivre sur les réseaux sociaux. Nous sommes heureux de savoir que notre association lui est déjà connue.
le général Gérard Vitry, directeur par intérim, était aux côtés des invités avec une grande disponibilité pour nos membres présents.
Parmi les invités on pouvait reconnaître Catherine Maunoury, qui en plus d’être présidente de l’Aéro-Club de France est aussi ambassadrice du Musée et l’écrivain Bernard Decré.
Cette réserve Jean-Paul Béchat est un remarquable outil, qui, s’il soustrait certains avions à la vue du public, permettra de les conserver au mieux.
C’est un grand pas pour la sauvegarde des appareils sur le domaine des réserves et ateliers de Dugny.
Frédéric Buczko (AAMA)
François Chouleur, Pierre Gain, Charles Lokbani, Jean-François Louis, François Rivet (AAMA)
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