La navette spatiale OV-101 ‘Enterprise’

9- Les essais au sol à la base spatiale de Vandenberg (1984-1985)

La base californienne de Vandenberg est le second site de lancements spatiaux des Etats-Unis. Le VLS (Vandenberg Launch Site) se trouve sur la côte de l’océan Pacifique à 240 km au nord de Los Angeles et couvre une superficie de 57 km².
C’est ici que, du 16 novembre 1984 au 24 mai 1985, Enterprise effectue un long séjour pour de multiples essais de compatibilité avec les infrastructures du pas de tir SLC-6 (Space Launch Complex) et vérifier les procédures de lancement (Facility Verification and Validation tests – FVV). A l’époque, il était prévu que ce site de la VAFB (Vandenberg Air Force Base) puisse effectuer des lancements de navettes spatiales, à l’abri des regards indiscrets, pour le compte de l’US Air Force pour des missions militaires sur orbites polaires en toute sécurité.
A l‘intérieur du SAB (Shuttle Assembly Building), l’OV-101 est assemblé à une paire de fusées auxiliaires inertes et à un réservoir externe opérationnel prévu pour la mission STS-3V.

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L’arrivée et l’installation d’Enterprise sur le SLC-6 de la Vandenberg AFB (Crédits : William Hartenstein, US Air Force)

Mais l’histoire retiendra qu’en fait aucun lancement ne sera effectué depuis le site de Californie.
En voici les raisons.
L’ensemble de lancement SLC-6 a été construit à l’endroit même où devait être mis en œuvre à la fin des années 60, le lanceur Titan III et la capsule Gemini B modifiée pour les missions militaires habitées du programme MOL (Manned Orbiting Laboratory). Ce programme de l’Air Force fut annulé par le président Richard Nixon le 10 juin 1969. Trois ans plus tard, le 14 avril 1972, la NASA et l’USAF annoncent que le centre spatial Kennedy et la base de Vandenberg sont sélectionnés comme site de lancement des navettes spatiales.
Les travaux du pas de tir californien cumulent les retards et ce n’est qu’à l’automne 1985 que les installations de lancement du SLC-6 sont déclarées opérationnelles. Le premier lancement est alors planifié le 20 mars 1986 avec l’OV-103 ‘Discovery’ pour la mission STS-1V/62A. Le premier équipage avait, quant à lui, été désigné le 15 février 1985 par la NASA et l’USAF pour la mise en orbite du satellite de reconnaissance Teal Ruby.

Première équipage, Vandenberg, Guy Gardner (pilote), Mike Mullane, Jerry Ross, Dale Gardner (spécialistes de mission). Pete Aldridge (Secrétaire à l’Air Force), Robert Crippen (commandant), Brett Watterson (spécialiste de charge utile), OV-103

Portrait officiel du premier équipage de navette qui devait être lancé depuis Vandenberg. Au premier rang : Guy Gardner (pilote), Mike Mullane, Jerry Ross et Dale Gardner (spécialistes de mission). Au second rang : Pete Aldridge (Secrétaire à l’Air Force), Robert Crippen (commandant) et Brett Watterson (spécialiste de charge utile). En arrière-plan, on voit au centre l’OV-101 Enterprise sur le pas de tir, le Shuttle Assembly Building (SAB) à gauche et la Mobile Service Tower (MST) à droite.
(Crédit: US Air Force/NASA)

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Les patchs des préparatifs de la mission STS-62A (Crédits : US Air Force)

Mais depuis la mise en service du Shuttle par la NASA, la cadence annuelle de lancements de l’avion spatial américain peine à atteindre le minimum de 24 missions attendues par l’USAF (le nombre maximum de vols au cours d’une même année fut seulement de 9 en 1985). Les prévisions de l’Air Force et du NRO (National Reconnaissance Office) s’établissaient à 10 à 12 missions par an. De fait, le Pentagone remit en cause l’utilisation du STS à Vandenberg pour la mise en orbite de ses satellites d’observation et d’écoutes électroniques et étudia la relance de la production de lanceurs conventionnels dans le cadre du programme ELV (Expendable Launch Vehicle). Ces lanceurs furent le Delta II pour le déploiement du GPS, l’Atlas II pour les charges utiles de classe moyenne et le Titan IV pour les satellites les plus volumineux et les plus lourds.
Puis vint l’explosion au lancement de Challenger lors de la mission STS-51L le 28 janvier 1986. Ce fut un évènement dévastateur pour le programme spatial américain qui sonna la fin de la mise en œuvre de la navette à Vandenberg.
Après le départ d’Enterprise de la base californienne le 24 mai 1985, plus aucun orbiter ne reviendra à Vandenberg.

L’ensemble de lancement SLC-6, quant à lui, sera modifié par Boeing à partir de 1999 pour accueillir la version lourde (dit Heavy) du Titan IV qui est actuellement le lanceur le plus puissant au monde.

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