Journée d’études : 1945-Retours de guerre

La date du 8 mai 1945 marque la fin du second conflit mondial, mais évidemment tout n’était pas terminé.

Une phase peu connue avait déjà débuté, le rapatriement des prisonniers de guerre, des travailleurs obligés du STO et des malheureux déportés. La plupart d’entre eux passeront par l’aéroport du Bourget.

C’est sur ce sujet que le 15 mai, le Musée de l’Air et de l’Espace avec les Hauts lieux de la mémoire nationale en Ile-de-France, Mémoires en réseau (Résistance, Shoah et déportations en Seine-Saint-Denis) ainsi que d’autres partenaires programmaient une journée d’études :

1945, Le Bourget – Retours de guerre.

Déjà, dès le café d’accueil aux portes de l’auditorium Roland Garros, les auditeurs étaient imprégnés dans le contexte, par de nombreux objets, terriblement émouvants, disséminés dans des vitrines et sur des panneaux rappelant la vie des détenus et leur retour au pays.


C’est Marie-Laure Griffaton, directrice du Département Scientifique et des Collections du Musée de l’Air et de l’Espace, qui ouvre les débats.

Elle rejoint ensuite Sylvie Zaidman, directrice du musée de la Libération – musée général Leclerc – musée Jean Moulin, et Caroline François, responsable de la programmation scientifique et culturelle, de la communication et des partenariats des Hauts lieux de la mémoire nationale en Île-de-France. Elles présentent le cycle des conférences La guerre, et après ? Exils, rapatriements et déplacements forcés (1945-1946), qui s’étalera jusqu’en avril 2026.

Pour situer le lieu, l’aéroport du Bourget, Jean-Emmanuel Terrier, documentaliste département Recherche et Documentation du Musée de l’Air et de l’Espace, aborde son histoire mouvementée du début de la Grande Guerre à la fin du second conflit mondial. Notons qu’il est également membre de notre association et qu’il maitrise parfaitement le sujet, étant l’auteur du livre Aéroport de Paris-Le Bourget. 1910-2019 un siècle d’histoire, pour lequel l’AAMA a participé à son financement.

Il laisse la place à Thomas Fontaine, directeur du Musée de la Résistance nationale, qui évoque la découverte des camps d’extermination nazis au fil des avancées alliées, aussi bien sur le front ouest que le front est.

Il est remplacé par Olivier Lalieu, historien au Mémorial de la Shoah, qui intervient en parlant du retour des 2,5 millions de français à rapatrier en métropole, en diffusant quelques extraits des films d’actualités de cette époque.

Le dernier orateur du matin sera Eric Brossard, professeur relais du Mémorial national des femmes en résistance et en déportation, qui apporte l’angle de ces retours avec l’attente des familles restées en France suivie de retrouvailles qui changeaient le rythme imposé de l’absence. Il précise aussi l’attitude de la population, qui assez rapidement a voulu oublier cette période funeste.

Pour terminer la matinée les quatre intervenants répondront aux questions du public et préciseront plusieurs points.


Au retour le public écoutera Evelyne Gayme, agrégée et docteur en histoire contemporaine, spécialiste des prisonniers de guerre, en particulier durant la Seconde Guerre mondiale.

Elle partage ses études sur le rapatriement aérien au Bourget et ses difficultés. Les contraintes des déportés blessés, malades ou fragilisés par des années de détention.

Différents témoignages poignants de déportés, de résistants ou de prisonniers, audios ou vidéos, sont ensuite diffusés et commentés par Thierry Berkover, président des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et par Etienne Jacheet, président de l’association Histoire et Mémoire de la Captivité – 1939-1945

Thomas Fontaine revient sur l’estrade pour montrer le rôle des politiques avec un focus sur le rôle du ministre des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, Henri Frenay, d’août 1944 à juillet 1945. Les chiffres des rapatriés qu’il donne sont impressionnants, malgré les énormes difficultés.

Comme le matin, ces quatre conférenciers se poseront pour répondre aux questions de l’assistance.

Dans la dernière partie intervient Jérôme de Lespinois, référent histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace et membre de l’Académie de l’air et de l’espace.

Il met l’accent sur le problème aérien pour remplir ces missions de rapatriement, qui donnera naissance à la création du Groupement des Moyens Militaires de Transport Aérien, le GMMTA, qui permet à la France de se doter d’unités de transport non liées aux alliés anglo-américains.

Restant dans le domaine des airs, mais soulevant un aspect très méconnu, Valérie Joyaux, responsable du Département Recherche et Documentation du Musée de l’Air et de l’Espace, évoque le rôle des Infirmières Pilotes Secouristes de l’Air (IPSA) dans ces retours de 1945.

Pour terminer cette journée se succéderont, Dominique Dellac, vice-présidente du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis en charge du patrimoine culturel, de la mémoire, du tourisme et de l’éducation artistique et culturelle, qui présente les lieux d’histoire et de mémoire de la Résistance et de la Déportation, qui sont nombreux dans le département et participent au travail de mémoire.

Puis Benoit Pouvreau, chargé d’inventaire au département de la Seine-Saint-Denis, qui souligne une source inédite sur de thème du rapatriement : les archives de la STCRP/RATP

(Société des Transports en Commun de la Région Parisienne/Régie Autonome des Transports Parisien).

Journée enrichissante et émouvante, grâce aux nombreux intervenants, qui a dévoilé de nombreux pans de cet épisode bien méconnu.


Pour faire écho à ce chapitre, l’AAMA avait publié dans le Pégase n°118, il y a 20 ans, un article sur les retrouvailles d’équipages américains, de bombardiers B-17 du 385e groupe de la mission Miséricorde du 25 mai 1945, et des rapatriés qu’ils avaient ramenés en France. 

Lire l’article.

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