Nos Amis nous apportent leur témoignage.
Marie-Françoise Scibilia ; Dominique Abadie ; Frédéric Buczko ; Jean-Paul Reynaud ; Michel Liebert ; François Chouleur ; Michel Schneider ; Alfred Wlodarczyk.
Marie-Françoise Scibilia
J’ai tout d’abord été motivée très jeune par l’aviation lorsque j’habitais à Rennes. Puis je suis venue à Paris pour y faire des études en aéronautique et j’ai passé les diplômes d’ingénieur EPF, d’une maîtrise de mécanique et d’un DESS de mécanique des fluides de l’université Paris VI, Sup’aéro de l’Université de Rome avec équivalence officielle avec Sup’aéro de Toulouse et docteur ès sciences mathématiques de l’université Paris VI ( Bac + 10).
J’ai eu une vie professionnelle au CNRS comme ingénieur de recherches en aéronautique selon mes désirs, avec beaucoup de déplacements à l’étranger en particulier aux Etats-Unis, au Japon, en Chine, en Italie….
La retraite arrivée, j’ai voulu continuer dans le domaine de l’aéronautique et être active. C’est ainsi que j’ai connu le colonel Michel Garnier à l’Aéro-Club de France dont nous étions membres.
Il m’a parlé du Musée de l’Air et de l’Espace et en particulier de l’AAMA, dont il était adhérent, d’une façon très positive. Je suis donc entrée à l’AAMA en 2008.
Gérard Feldzer était le directeur du Musée et son dynamisme me plaisait. Ayant été spécialiste des souffleries, je lui ai proposé de faire construire une balance aérodynamique pour la maquette de la soufflerie du Musée. Il m’avait donné son feu vert. Mais par la suite il s’est avéré qu’il existait des souffleries Eolia, peu encombrantes et modernes, qui équiperont celle du Musée. Actuellement elle est entre les mains du service pédagogique du Musée ne pouvant servir que pour faire des visualisations.
En 2010 j’ai été sollicitée par Michel Liébert pour lui succéder en tant que rédactrice en chef de la revue Pégase de l’AAMA. J’ai tenu ce poste pendant deux ans me permettant d’avoir de nombreux contacts avec le personnel du Musée. J’ai eu en particulier de très bons rapports avec Catherine Maunoury, qui a assuré la direction du Musée après Gérard Feldzer.
En parallèle je me suis fortement documentée sur tous les avions qui existaient au Musée, ça m’a passionné et me passionne encore.
En 2008 j’ai demandé à devenir guide AAMA. Ma demande a été acceptée !
François Chouleur était alors le représentant des guides et je me suis très bien entendu avec lui. J’ai donc commencé à transmettre mon savoir et ma passion de l’aviation aux visiteurs en me mettant à leur niveau.
Je suis la seule guide féminine de notre groupe et je suis surprise qu’il n’y ait que des hommes ; à part moi !.
En plus des visites, il y a également de l’événementiel au Musée, rendant les visites ciblées très attractives pour les visiteurs et motivantes pour nous, les guides.
Et puis je dois dire que je me suis attachée au personnel du Musée de l’Air.
Ce que j’apprécie avant tout lors de mes visites, c’est expliquer l’évolution des appareils au cours du temps, en partant des avions à hélices pour arriver aux avions à réaction.
Je trouve le hall de l’Entre-deux-guerres très riche pour montrer la naissance de l’aviation commerciale, des grands raids et de la voltige. J’aime demander aux visiteurs : « Pourquoi un Morane-Saulnier est suspendu à l’envers ? » Faisant ainsi allusion à la voltige. Dans ce hall je montre le changement dans la forme des ailes pour les rendre plus performantes du point de vue aérodynamique. Je m’attarde un peu auprès du Farman Goliath, un des premiers avions commerciaux, ressemblant à un bus. Ses ailes sont trop endommagées pour être exposées.
Dans le hall de la Seconde Guerre mondiale, j’explique aux visiteurs que lorsqu’ils monteront dans le C47 Dakota (pour ceux qui sont munis d’un billet) ils devront se mettre dans la peau d’un soldat américain venu sauver la France lors du débarquement du 6 juin 1944. Une scénographie à l’intérieur de l’appareil montre ce qui se passait au moment de la descente en parachute après l’ordre donné ; le fameux « GO ! », en pensant avec émotion à ceux qui seraient mitraillés par les nazis cachés dans leurs bunkers.
Dans les halls de la Cocarde et des Prototypes, évoquant la période après 1945 avec la naissance des moteurs à réaction, je ne manque pas de montrer la chambre d’un jeune fana d’aviation en proposant à un enfant d’y passer la nuit ! Ce qui a beaucoup de succès.
Puis j’amène mes visiteurs dans le hall Concorde, mon avion préféré ! Je me sens très motivée d’expliquer la partie historique et la partie technique du Concorde et lorsque les visiteurs me disent que cela s’est terminé par un échec, je leur réponds que grâce au Concorde, les progrès dans l’aviation ont fortement avancé, comme par exemple, l’arrivée des commandes de vol électriques. J’ajoute qu’on finira par trouver un moyen pour que l’avion supersonique commercial « reprenne du vol ».
Je suis également dans d’autres associations aéronautiques ; Aéro-Club de France (commission animations) ; AAAF (Association Aéronautique et Astronautique de France) (membre de la commission aérodynamique) ; AéroEiffel 100 et le Centre européen des ballons et dirigeables.
Voilà grosso modo ce que je tenais à écrire. Mais il y aurait tant d’autres choses à raconter dans ce Musée, car il y a d’autres halls intéressants où je peux m’attarder avec mes visiteurs !
Je désire conclure en disant que les guides de l’AAMA forment une grande famille au sein du Musée de l’Air.
Dominique Abadie
Dans ma famille, seule ma mère ne pilotait pas… Mon père avait obtenu sa licence avant la guerre sur un Potez 36. À la Libération, il avait acheté aux surplus américains un Piper Cub, dans lequel il emmenait volontiers l’un ou l’autre de ses trois enfants, des membres de la famille ou des amis, principalement sur le défunt aérodrome de Guyancourt.
C’est dans ce contexte familial ouvert à l’aviation que j’ai passé mon brevet de pilote de planeur à Beynes en 1961 et abordé les épreuves du brevet D à la Ferté-Alais. Malheureusement, la fermeture de ce terrain au vol-à-voile en 1961 me détourna du pilotage pendant une cinquantaine d’années…
Je me suis alors tourné vers les activités maritimes, avec toutefois un retour temporaire à l’aviation à l’occasion d’un stage d’élève-ingénieur au Centre d’Essais en Vol (CEV) de Brétigny en 1966. Ce stage me donna l’occasion d’embarquer comme « sac de sable » sur de nombreux avions du CEV, depuis le Noratlas jusqu’au Fouga Magister. Certains de mes camarades stagiaires eurent même l’honneur d’embarquer sur Mirage III biplace avec Jacqueline Auriol aux commandes ! Aujourd’hui ce n’est pas sans émotion que je vois plusieurs de ces avions se décomposer doucement sur les pelouses des réserves du Musée de l’Air à Dugny, avec encore quelques traces de la couleur orange, caractéristique des aéronefs du CEV, sur le nez…
En 1984 je repris professionnellement contact avec l’aéronautique à l’occasion de contrats passés avec la Direction de la Navigation Aérienne, puis comme expert à Bruxelles dans l’Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne (EUROCONTROL).
Cette expérience internationale motivante me donna le goût des coopérations interculturelles. Aussi, depuis que j’ai rejoint en 2011 l’équipe des guides-conférenciers de l’AAMA, j’ai donné ma préférence aux visites en anglais et en allemand. Cela m’a conduit à perfectionner ma pratique de ces deux langues tout en approfondissant mes connaissances en aéronautique. Je me suis ainsi constitué un lexique trilingue de plus de deux cents termes spécifiques aux collections du Musée : par exemple le moteur rotatif (rotary engine en anglais, Umlaufmotor en allemand) n’est pas très souvent mentionné de nos jours dans les revues aéronautiques…
Les échanges avec les visiteurs, outre le plaisir qu’ils m’apportent, contribuent à développer mon expertise en l’enrichissant d’expériences vécues. Je me rappelle ainsi l’intervention d’un visiteur britannique lorsque je décrivais la nacelle du Zeppelin LZ 113 : il se souvenait de l’effroi rétrospectif de sa grand-mère lorsqu’elle évoquait les survols de dirigeables allemands pendant la Première Guerre mondiale. Une autre fois, un ancien pilote de chasse comparait devant moi les mérites respectifs du MiG 21 et du Mirage III : j’appris par la suite qu’il s’agissait de l’un des as les plus titrés de l’armée de l’Air israélienne…
Quelquefois les visiteurs me posent des questions inattendues auxquelles je ne sais pas répondre. Je n’hésite alors pas à reconnaître mon ignorance, mais je promets à la personne qui m’a posé la question que les futurs visiteurs bénéficieront de ma recherche de la réponse ! Ce que je ne manque jamais de faire, soit en compulsant mes livres, mes revues ou internet, soit plutôt en transmettant la question à un collègue guide.
C’est précisément sur cet aspect que je terminerai mon témoignage : les échanges de connaissances entre guides sont sources de grand plaisir. Parmi mes meilleurs souvenirs je n’hésiterai donc pas à mentionner les visites passionnantes que certains de nos collègues, experts parmi les experts, nous ont offertes, à l’occasion, notamment, de visites particulières du Boeing 747, du Transall et du Concorde.
Frédéric Buczko.
L’année 1983 venait de commencer, il ne me restait que six mois avant la fin de mes études, lorsqu’arriva dans la boîte aux lettres le Pégase n°27 de notre association.
Une page attira particulièrement mon attention.
Celle où le Musée de l’Air demandait de l’aide à l’AAMA pour que quelques uns de ses membres puissent assurer des visites guidées.
J’étais adhérent de l’AAMA depuis à peine deux ans.
Serais-je capable de m’adresser à un groupe attendant un discours clair ?
Pourrais-je intéresser les visiteurs avec mes connaissances sur l’aviation ?
Telles furent les questions que je me suis posé avant de répondre pour me lancer dans l’aventure.
Après mûres réflexions j’ai franchi le pas et aujourd’hui je ne le regrette pas.
Nous étions peu nombreux pour ces débuts, environ une quinzaine, personne ne se connaissait et nous ne savions pas ce qui nous attendait.
Pour notre première réunion c’est le directeur du Musée, le général Lissarrague, qui nous reçu. A ses côtés, Roland Morisot qui s’occupait du service des publics, et qui devait nous chapeauter, avec talent, pendant de nombreuses années.
Par la suite chacun de nous eu le droit à un test en présence du général Lissarrague. J’étais plutôt impressionné et inquiet. Plus tard quelques « collègues » m’avouèrent qu’eux aussi étaient dans le même état d’esprit et que ma présentation du Caudron Simoun n’avait pas déplu. J’en étais ravi et même un peu fier.
Rapidement nous avons été jetés dans le grand bain, et j’effectuais ma première visite en avril 1983. J’avais lu tout ce que je pouvais sur les avions présentés dans seulement cinq halls et je n’ai jamais cessé d’en apprendre.
Les premières visites sont toujours les plus difficiles, il faut trouver ses marques, affuter son discours et acquérir son expérience.
Pour preuve, j’étais encore novice lorsque j’ai eu un groupe d’officiers de réserve de l’armée de l’Air. Dans les halls de l’Entre-deux-guerres, de la Seconde-Guerre-mondiale et des Prototypes ça se passa bien, mais arrivé dans le hall de la Cocarde je fus débordé par ces militaires qui avaient piloté ces avions. Ils étaient comme des enfants dans la cour d’école qui redécouvraient leurs jouets. Ce fut un moment délicat et très formateur.
Je ne compte plus le nombre de visites que j’ai effectuées, ni le nombre de guides que j’ai connus. Mais après plus de trente ans je suis toujours aussi ravi lorsque les visiteurs me remercient de les avoir fait découvrir le Musée de l’Air.
Jean-Paul Reynaud.
Le 2 octobre 1982, atteint par la limite d’âge de mon grade, j’ai dû quitter l’armée de l’Air après 32 ans de service actif et plus de 5000 heures de vol sur avions de combat.
Après avoir essayé d’entamer une nouvelle carrière civile dans l’administration d’un dispensaire, où je me suis profondément ennuyé, j’ai vu passer une demande de poste pour le Musée de l’Air. J’ai postulé et je suis devenu ainsi l’adjoint du général Lissarrague. C’est donc tout naturellement que j’ai été amené à guider des groupes de visiteurs dans nos halls.
Mon contrat avec le Musée s’est terminé le 30 juin 1988. Je suis devenu moniteur, puis chef pilote dans un aéroclub de la région Parisienne, mais je revenais régulièrement au Musée pour guider encore quelques groupes.
Cela a duré jusqu’au mois de février 1997, à l’occasion du décès brutal du général Dompnier qui était, jusque-là le secrétaire général de l’AAMA. C’est alors que le général de Chassey qui venait de remplacer le général Maurin comme président de notre association, m’a demandé si je voulais bien reprendre les fonctions du général Dompnier. Naturellement, j’ai accepté et, au bout de six ans, j’ai passé les pédales à Philippe Hazebrouck. J’ai continué à effectuer quelques visites tout en laissant la priorité à mes collègues plus jeunes. Maintenant, à l’approche de mes quatre-vingt-quatre ans, mon activité dans cette fonction de guide bénévole devient de plus en plus rare car je me demande si je pourrais encore rester debout les deux ou trois heures que demande une visite de notre cher Musée.
Michel Liébert.
J’étais adhérent à l’AAMA depuis 1979 lorsque, début 83, j’ai été sollicité par un ami, Jean Cuny historien bien connu, qui avait servi dans l’armée de l’Air sous les ordres du général Lissarrague, qui m’apprit que ce dernier cherchait des guides bénévoles pour le Musée. Je n’avais aucune disposition particulière pour ce rôle mais je me suis lancé avec Dominique Duval, collègue et néanmoins ami. C’est ainsi que nous suivîmes des « cours » passionnants dispensés par le général qui avait au moins une anecdote pour chaque avion ! Puis ce fut l’examen de passage devant quelques « collègues » ; j’ai présenté, si ma mémoire ne me trahit pas trop, des avions de la Seconde-Guerre-mondiale du hall B.
J’ai aussi le souvenir que lors des toutes premières visites du week-end, certains personnels du Musée se mirent en grève au motif que nous leur prenions leur travail. Pour qui a connu le général Lissarrague, les choses rentrèrent vite dans l’ordre, il sut les persuader que sans nous il n’y aurait pas de guides du tout…
Avec le recul je pense que nous avons fait l’impasse sur notre vie de famille en consacrant une quinzaine de jours de week-ends par an au Musée alors qu’à 43 ans mes journées étaient bien remplies chez Dassault. J’ai effectué, à la demande de Roland Morisot qui secondait efficacement le général, quelques rares visites en semaine : un groupe d’anciens pilotes américains de P-47 (ils m’en ont appris des choses !) ou, mon pire souvenir, un groupe d’enfants de 8-10 ans « encadrés » par un instituteur farouchement anti militariste ; inutile de dire que nous avons passé beaucoup de temps devant les Mustang, Spitfire et autres belles machines du même genre.
J’ai arrêté cet exercice passionnant vers 1987, mon boulot me prenait parfois le week-end puis j’ai repris avec moins d’assiduité dans les années 2000 alors que j’avais pris ma retraite ; j’ai du faire mes dernières (?) visites en 2008 ; parmi celle-ci j’ai eu le bonheur de recevoir Roland Morisot qui conduisait un groupe de l’Université populaire de Boulogne-Billancourt, une visite qui a duré une journée complète et qui me valut le plaisir de déjeuner avec les participants. Ce fut hélas la dernière fois que je vis Roland Morisot, un homme dévoué – et efficace – ancien professeur de maths et passionné de modélisme et de planeurs…
Que dire des visiteurs ? De tout un peu : des gens pressés qui veulent tout voir en deux heures, qui viennent dans le cadre d’un voyage organisé dans la capitale qui se termine aux Folies Bergères ; des visiteurs qui sont sûrs d’avoir vu des B29 dans le ciel de France en 44/45 mais aussi des malvoyants, étonnants de sérénité, qui nous apprennent « à voir » puisqu’il faut leur décrire les machines qu’ils effleurent du doigt ; des jeunes gens qui aimeraient voler ou travailler dans l’aéronautique et qu’il faut conseiller ; des professionnels de l’aéronautique qui découvrent l’histoire de leur métier ; des cadets de l’Air de différents pays qui apprécient nos richesses…Il faut aussi gérer les généreux donateurs qui donnent un pourboire que l’on refuse avec de bons arguments mais qui vous glissent d’autorité un billet dans la poche à la plus grande joie de notre trésorier.
Je pense ne pas avoir perdu mon temps : j’ai rencontré des gens passionnants de tous les milieux, j’ai peut-être provoqué des vocations mais j’ai pu constater avec peine combien notre Histoire est ignorée des jeunes générations, ainsi ces élèves de l’ENAC ne sachant pas qui était Guynemer !
Enfin j’ai une pensée pour les guides qui nous ont quitté, je pense tout particulièrement à l’ingénieur général Forestier, ancien directeur de Sup’Aéro et ingénieur responsable du Mirage IV à la DGA, qui rivalisait d’anecdotes avec le général Lissarrague.
François Chouleur.
Devenu président de l’AAMA en 2014, il nous a quitté en 2018.
Les avions ? Une très vieille affaire…
En 1950, alors que j’avais 4 ans, je regardais fasciné les Ju 52 ou Toucan et les Languedoc voler au-dessus de ma ville natale venant du Bourget à une quinzaine de kilomètres de là.
Il y a 50 ans je découvrais le bric-à-brac du Musée de l’Air dans le parc de l’ONERA à Chalais-Meudon. J’y retournais régulièrement jusqu’au moment où enfin le Musée de l’Air et de l’Espace a trouvé un lieu digne de ses collections au Bourget.
Quand mes activités professionnelles ont pris fin j’ai souhaité proposer mes services comme guide. Sachant que Michel Garnier (aujourd’hui disparu), travaillant chez Kodak comme moi, assurait ce type de prestation je me suis adressé à lui pour savoir comment devenir guide au Musée. Sur ses recommandations je me suis adressé à Brigitte Dru qui occupait la même fonction que Maryse Pellon actuellement (jusqu’en 2015), c’est-à-dire la gestion des visites. Après trois ou quatre visites en double pour me faire une idée de ce qu’attendent les visiteurs et me voici à mon tour guide en ce lieu mythique de l’aéronautique française.
J’ai déjà conduit plus de 300 visites depuis 15 ans. C’est toujours merveilleux pour moi de faire partager pendant quelques heures ma passion et faire découvrir la courte et fantastique histoire de l’air et de l’espace.
Les publics sont divers, attachants et très variés. Les réactions sont parfois surprenantes. Très difficile de faire comprendre à un interlocuteur que l’arrêt de Concorde en 2003 était inévitable, cet avion étant de conception ancienne. Que dire à celui qui affirmait avoir vu la Caravelle à Hong-Kong en 1953 alors que je précise que le premier vol date de mai 1955 ? Je n’insisterai pas sur ceux qui sont bien convaincu que les vols lunaires ne sont que des réalisations en studio.
Souvenirs émouvants avec des visiteurs handicapés moteurs cérébraux dont l’un d’entre eux me demandait si ces avions étaient chers. Je lui répondais que même en réunissant nos économies nous ne pourrions pas les acheter. Il partait dans de grands éclats de rire.
De la bouche des enfants sort la vérité : lors d’une visite du hall de l’Espace un petit garçon de 5 ans m’annonçait qu’il ferait une navette pour sa maman. Pour la piloter il y aurait 3 boutons : un vert pour partir, un rouge pour s’arrêter et un orange pour accélérer. Malicieusement je lui demande si son papa n’accélère pas quand il voit un feu orange ; il m’a répondu « oui ».
Parfois aussi les enfants, garçons ou filles, ont des connaissances remarquables ou posent des questions très pertinentes.
Parfois je me tais quand quelqu’un rapporte ses souvenirs comme celui de cet octogénaire qui était à l’école maternelle du Blanc-Mesnil et qui a assisté avec ses parents à l’arrivée de Charles Lindbergh en 1927.
Ces publics divers et des sujets variés et nombreux font que l’activité de guide est sans cesse renouvelée ; je ne saurais trop conseiller à celles et ceux qui connaissent l’histoire de l’aviation et qui veulent partager avec le public leurs connaissances et leur passion de consacrer quelques heures au Musée de l’Air et de l’Espace.
Michel Schneider.
Mon intérêt pour l’aéronautique.
J’ai commencé à m’intéresser à l’aviation à l’adolescence, sans vouloir y faire carrière, ni devenir pilote.
Etant étudiant, je me souviens de l’entrée de l’ONERA, du dépôt de la carte d’identité au corps de garde, l’entrée du hall du Musée de l’Air, avec sa petite cloche. Parfois, on ne voyait personne …une atmosphère si particulière !
Un formulaire pris sur une table et me voilà inscrit à l’AAMA, vers 1959/1960. Je me souviens des petits bulletins d’information AAMA du colonel Rougevin-Baville. Je pense être ainsi parmi les plus anciens membres AAMA, sans pour autant me sentir très vieux !
Ingénieur de l’école Bréguet (sans rapport avec l’aviation), j’entre en 1965 au service d’exploitation du métro à la RATP et je suis ensuite devenu consultant à l’ingénierie externe, pendant près de trente années, avec de fréquents voyages à l’étranger, Amérique du Sud, Chine, Europe. .. J’ai eu ainsi l’occasion de pratiquer l’anglais et l’espagnol, de visiter beaucoup de musées aéronautiques et d’assister à des meetings.
Par ailleurs, j’ai lu beaucoup de revues, dont une en anglais «Royal Air Force Flying Review» à partir de 1959 et pendant de nombreuses années, de quoi acquérir un bon vocabulaire technique.
Le seul regret de mon service militaire : aspirant dans l’artillerie anti-aérienne alors que j’avais demandé l’aviation. Une affectation à Bitburg m’a cependant permis de côtoyer de près F-102, F-105 et C-124 Globemaster. Unités de l’USAF de Bitburg AFB, qu’on utilisait comme cibles pour le pointage de nos canons Bofors 40mmAA et une à la base de l’aéronautique navale de Tafaraoui/Lartigue en Algérie équipée de P2V7 Neptune.
A l’occasion du déménagement des collections du Musée de l’Air au Bourget, j’ai assisté aux conférences de Pierre Lissarrague et aux visites du Musée organisées le samedi matin.
Autre souvenir, fin 1973, j’ai participé à la visite du F-WTSS qui venait tout juste d’atterrir au Bourget et qui était rangé côté Dugny. Visite organisée également par Pierre Lissarrague ; un autocar de l’Armée de l’Air nous y avait emmenés depuis le Bourget.
J’ai aussi assisté à la plupart des « Salons du Bourget » depuis 1956.
Quelques voyages en avion marquants.
Paris Le Bourget – Southampton Eastleigh sur De Havilland Heron de Cambrian Airways, premier vol comme passager en 1957.
Voyage en Angleterre en avion, avec notre voiture (R4), à bord d’un Bristol 170 de BUAF, British United Air Ferries, entre Le Touquet et Lydd.
Séjour à Prague pour la fin d’année 1966, voyage sur CSA, la compagnie nationale tchécoslovaque de l’époque, en Tu-104 et Il-18. Je me souviens du poste de pilotage molletonné vert et du nez vitré du Tu-104, de son atterrissage « sportif » sur la piste de Prague Ruzine et des vibrations prononcées de l’Il-18…
Dans les années quatre-vingt, tour de terrain sur le B17 «Texas Raiders», avec atterrissage dans le poste de pilotage, de ce qui était alors la «Confederate Air Force» à Harlingen (Texas), grâce à un ami français membre du «French wing». J’y ai vu voler aussi le B-24 et le fameux B-29 Fifi de la CAF.
Comment je suis devenu guide.
En activité, j’ai accompagné de nombreux visiteurs étrangers pour des visites commentées de lignes et d’installations. Mis à la retraite d’office en l’an 2000 à soixante ans et sachant qu’on recherchait des guides au Musée de l’Air, je me suis proposé pour continuer ce contact avec des visiteurs et leur faire partager ma passion pour les choses de l’air. C’était aussi le moyen de revoir tous ces témoins de l’histoire de l’aéronautique. Etre guide, c’était aussi la possibilité de rencontrer et de discuter avec d’autres passionnés avec des expériences diverses.
J’ai hésité, n’étant ni pilote ni spécialiste, puis je me suis lancé pendant plusieurs mois pour préparer ma documentation et effectuer quatre visites en double, dont une d’une journée, mémorable, avec le regretté colonel Garnier.
Les remerciements des premiers visiteurs sont un véritable plaisir, surtout quand ils vous disent «On voit que vous êtes un passionné » ; j’ai peut-être déçu quand certains me disaient «On voit que vous êtes un professionnel » …en leur répondant la vérité : non.
J’ai aussi effectué des visites en anglais et en espagnol, comme en activité et à l’époque j’étais le seul guide pour cette dernière langue.
Un jour, à la demande du Musée, en l’absence du guide germanophone, j’ai accepté d’accompagner un groupe de langue allemande, langue étudiée pendant deux ans pour lire des revues d’histoire de l’aéronautique, comme «Flugzeug».
Avec une expérience limitée, cela a été très dur !
Dans le même esprit, j’ai rendu service au Musée en accompagnant un groupe en italien et un en portugais, langues que j’ai aussi pratiquées, mais là, la difficulté vient des similitudes entre ces langues avec confusions possibles !
Mon intérêt pour la fonction de guide-conférencier est intact, en espérant pouvoir encore continuer quelques années…
Alfred Wlodarczyk.
Le hasard fait quelque fois bien les choses, car en retraite depuis deux ans, je rencontre lors du Salon de l’Aéronautique de 1995 au Bourget, un ancien collègue de la Société AIR EQUIPEMENT que je venais de quitter.
Après les civilités d’usage, ce collègue, Maxence Mantel, me demande si je suis toujours aussi passionné par l’aviation et l’espace. Il faisait parti de l’AAMA en tant que trésorier et me suggère d’adhérer à cette association pour devenir guide lors des visites de groupes au Musée de l’Air.
Très intéressé par cette possibilité, je rencontre donc la responsable, à l’époque, des relations avec les guides de l’AAMA, Brigitte Dru. Après accord, me voilà accompagnant, lors d’une première visite de formation, le regretté Jean-Pierre Nineuil.
C’est enthousiasmant de communiquer (ou d’essayer) sa passion de la conquête de l’air et de l’espace, car elle me tient je crois depuis ma tendre enfance.
C’est en effet un jour de 1949 que je reçois pour mes 12 ans le livre de Pierre Clostermann « Le Grand Cirque ». Ce fut la révélation de cette passion qui ne me lâchera pas tout au long de ma vie :
– études en milieu aéronautique.
– service militaire au 2/33 « Savoie » comme officier de renseignement. 30 mois sur la base de Lahr en Allemagne de 1957 à 1959, au milieu des pilotes de RF84F Thunderflash.
– ingénieur, chef de bureau d’études dans la société AIR EQUIPEMENT (leader mondial dans le domaine des commandes de vol pour avions, hélicoptères et missiles) de 1960 à 1993, pour y finir les 10 dernières années comme Directeur de la Qualité, avec la participation à tous les grands programmes de cette période (baptisée à juste titre les « Trente Glorieuses »), Caravelle, Diamant, Concorde, SSBS, MSBS, AIRBUS, tous les Mirage et Etendard et j’en passe …
Bref, cette expérience en la matière me permet donc d’émailler mes visites guidées avec de nombreuses anecdotes vécues.
Ces visites sont également d’excellentes occasions de rencontres bien souvent enrichissantes et me permet de garder le contact avec ce milieu.
Après 20 ans d’activité dans ce domaine et environ 330 visites, j’espère pouvoir les assurer encore quelques années en espérant montrer de plus en plus d’appareils (c’est un vœu ! Pieux !) dans notre beau Musée du Bourget, et vive l’aviation et l’espace !!!