Ce mercredi 24 avril 2024 nous sommes 24 membres de l’AAMA à nous retrouver dans le bâtiment de la Maison de l’Environnement et du Développement Durable, situé dans la zone Roissy pôle de l’Aéroport Charles de Gaulle et inauguré en 2017.
Il convient de remercier notre vice-président Jean-François Louis pour l’organisation de ce qui va être un moment à la fois fort et privilégié pour les passionnés que nous sommes.
Dans une confortable salle, William Decosne, chargé des Relations Territoriales, nous accueille, il travaille dans cette Maison de l’Environnement, qui dépend du Groupe ADP, en collaboration également avec l’Office du Tourisme du Grand Roissy, qui couvre les huit communes dans le périmètre de l’aéroport.
Au long de sa conférence, il va nous présenter l’aéroport et ses diverses activités, qui sont loin de se limiter au trafic passager.
Roissy fête cette année ses 50 ans d’existence, le terminal 1 ayant été inauguré en mars 1974. Depuis, cet aéroport Charles de Gaulle s’est considérablement développé, au point de couvrir à l’heure actuelle une superficie d’environ 3 200 hectares (trois fois celle d’Orly), à cheval sur les départements de Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, et Val-d’Oise.
Du terminal 1 d’origine, le site est passé à trois terminaux, représentant un total de neuf aérogares, avec 318 postes de stationnement au contact, constituant, tant en termes de superficie que de fréquentation, le premier aéroport de l’Union Européenne.
Roissy est équipé de quatre pistes, groupées par paire, les doublets nord et sud. Chaque doublet comporte une piste longue réservée aux décollages (4,2 km) et une plus courte pour les atterrissages (2,7 km).
En 2019, il a accueilli quelques 76 millions de passagers, au départ, à l’arrivée, ou en transit. Actuellement, le trafic représente 90 % de ce qu’il était avant la pandémie de la COVID 19. Roissy figure à la 5e place mondiale selon l’agence Skytrax qui classifie les aéroports en matière de qualités de services.
Contrairement à Orly qui est un aéroport de destinations, Roissy constitue le premier hub européen, offrant quelques 25 000 possibilités de correspondances hebdomadaires, ce qui représente tout de même 23% des passagers le fréquentant.
Concernant ce hub, des compagnies aériennes se groupent au sein d’alliances dont une des plus importantes est Skyteam à laquelle est affiliée Air France-KLM, et qui compte actuellement 19 compagnies.
Globalement, 136 compagnies aériennes opèrent sur cet aéroport desservant près de 300 villes de par le monde, représentant environ 1 300 mouvements d’avions au quotidien, soit un décollage ou atterrissage toutes les deux minutes. Air France s’octroie 53% du trafic suivie par Easy Jet créditée de 6%.
Roissy CDG représente un formidable bassin d’emplois, que l’on peut arrondir à 90 000 salariés, tous métiers confondus. Sans compter les emplois indirects, tels les chauffeurs de taxis ou de cars desservant l’aéroport.
William Decosne évoquera ensuite les différentes missions confiées à la Maison de l’Environnement, qui comprennent des relations avec l’aéroport en lui-même, diverses sociétés de services, les élus locaux, le monde enseignant, de même qu’un nécessaire dialogue avec les associations de riverains.
D’autre part, des efforts sont produits dans le domaine de la protection de la nature, comme la réduction des trajets au sol, en approche et en vol. Autre exemple concret, malgré l’inévitable pollution émise par les avions, l’ensemble du domaine dépendant de l’Office du Tourisme du Grand Roissy comprend de nombreux espaces verts plantés de 800 000 arbres, on y trouve même des ruches.
Le grand projet serait de pouvoir faire voler des avions à l’hydrogène à l’horizon 2035. Pour l’instant, Roissy tout comme Orly disposent de petites stations d’hydrogène destinées à des véhicules utilitaires.
Pour en savoir plus sur l’histoire d’Aéroport de Paris et du groupe ADP.
Nous prenons ensuite place dans un car pour effectuer la visite guidée de ce gigantesque domaine qu’est l’aéroport Charles de Gaulle.
Nous arrivons à une véritable frontière, avec le franchissement d’un PARIF (Passage d’Accès Réglementaire d’Inspection Filtrage). Laissez-passer collectif pour notre groupe, puis, comme lorsque nous prenons l’avion, nous avons droit à un passage individuel au contrôle par rayons X, vidage de nos poches, etc…
Ces inspections strictes effectuées sans encombre, nous remontons dans notre véhicule, que hélas nous ne quitterons plus de toute la visite, mais celle-ci s’avérera très complète sur l’ensemble du domaine.
Nous commençons par apercevoir quelques avions au décollage, sur le doublet nord en particulier un Boeing 777 aux couleurs d’Air France, dont le blanc de sa robe ressortait pleinement sur le fond d’un ciel très orageux.
Puis nous traversons, une zone technique et de maintenance apercevant quelques engins spécifiques : sableuses, déneigeuses, dégivreuses pourvues de lances télescopiques, pour pallier tout imprévu climatique d’importance pendant l’instauration du plan hivernal entre mi-octobre et mi-avril.
Nous allons ensuite contourner une des deux casernes de pompiers. Ceux-ci sont équipés de plusieurs types de véhicules que nous ne verrons pas. Ces soldats du feu interviennent en moyenne 500 fois par an, principalement sur des trains d’atterrissage en surchauffe, des incidents moteurs et bien sûr dans le cas de malaises passagers.
Nous traversons la zone d’entretien principalement exploitée par Air France Industries, et parfois par Air Austral. Nous longeons des pare-souffles, étranges tuyaux débouchant vers le ciel, initialement conçus pour les essais statiques des réacteurs des Concorde, supprimant le risque de soufflage intempestif et réduisant le bruit émis par les moteurs en essais. Il est toujours exploité, un Airbus A220 s’y trouvant lors de notre passage.
Nous allons faire le tour d’un ancien Airbus A320 d’Air France, de couleur bleue, siglé Paris Aéroport. Cet appareil est la propriété du groupe ADP, ne vole pas et sert à l’entraînement des équipes de sécurité.
Sur une aire, se trouve une aile sur laquelle sont testés les différents types de glycol utilisés pour le dégivrage des avions. Ce dégivrage s’opère au moyen de grands mâts dépliables, qui peuvent être utilisés de nuit comme de jour.
Nous revenons ensuite vers les aérogares, en commençant par le terminal 1 originel, surnommé le camembert, œuvre remarquable et très originale de l’architecte Paul Andreu, dont les dimensions sont équivalentes à celles du Colisée de Rome. Ce bâtiment comprenait sept satellites, il n’en demeure plus que six. Des travées les reliant sont en cours de réalisation et apportera une amélioration sensible aux utilisateurs toujours plus nombreux.
Ce terminal n’accueille que des compagnies étrangères, notamment la Thaï, Singapore Airlines, Air China…
Nous passons derrière plusieurs avions, et avons la chance de stopper quelques instants à proximité d’un A380 d’Emirates. La compagnie basée à Dubaï exploite toujours ce géant des airs, tout comme Qatar Airways, Lufthansa, British Airways et quelques autres…
Plus tard, quand nous aurons quitté la zone réglementée, nous verrons le hangar surdimensionné qu’Air France Industries avait dédié aux Airbus A380 d’Air France. L’entretien des Airbus A350 et Boeing 777 s’y effectue à présent, permettant de caser deux avions à la fois dont un A320, ce qui n’aurait pas été possible avec la seule présence d’un A380.
Nous atteignons ensuite le terminal 2, réparti en six aérogares de formes plus classiques, en arc de cercle, également l’œuvre de Paul Andreu, et coupés par la gare d’interconnexion TGV.
Nous allons notamment longer le terminal 2E, dont la zone d’embarquement est constituée d’un immense tube d’acier, verre et béton sur près de 700 mètres de long.
Nous roulons devant les avions, tout en passant sous les nombreux couloirs vitrés aboutissant à des passerelles télescopiques. Ce terminal possède son propre Val, ce petit métro sans conducteur. D’autre part, grâce à sa gare TGV, située sous ce terminal, l’aéroport peut servir de correspondance pour des passagers de province n’ayant pas de ce fait à transiter par Paris.
Nous contournons ensuite le hall L perpendiculaire et apercevons plus loin son jumeau, le hall M.
Nous passerons en revue les autres modules du terminal 2, dont le 2F quasiment réservé à Air France, qui demeure et c’est normal la plus importante compagnie sur Roissy.
Nous ne verrons pas le petit terminal 2G (spécialisé dans l’accueil de petits aéronefs des filiales d’Air France) et nous n’approcherons pas non plus le terminal 3 (consacré aux compagnies low-cost). Nous pouvons rajouter que la COVID 19 a conduit à l’abandon du projet de construction du terminal 4.
Prenant la suite de William Decosne, Eric Thorigny, guide indépendant travaillant pour l’Office de Tourisme du Grand Roissy, nous fera passer par la zone cargo, que l’on peut littéralement qualifier de hub cargo, tant la quantité de fret y transitant est importante.
Le premier transporteur de fret est le groupe Air France-KLM, suivi de la société Federal Express, qui dispose ici de son plus grand site hors des Etats-Unis avec 3 000 personnes y travaillant et traitant 68 000 colis chaque heure. Il convient de citer également DHL, UPS, et ASL se chargeant de la postale.
Notons que 90 % du fret aérien sur notre territoire transite par Roissy CDG, représentant deux millions de tonnes par an. Le poste le plus important concerne les produits pharmaceutiques, devant le matériel informatique, les valeurs, et certaines denrées périssables. Peu de restrictions, hormis les bouteilles de gaz et certaines batteries au lithium !
A la différence d’Orly, Roissy est ouvert H24. Si le trafic passager ralentit très fortement durant la nuit, les compagnies cargo sont autorisées à faire décoller et atterrir des avions, dont certains sont quelque peu bruyants.
De retour à la Maison de l’Environnement, nous allons grimper sur la terrasse offrant un magnifique panorama bien évidemment partiel sur l’aéroport.
Sur un taxiway passera sous nos yeux un superbe A350 d’Air Tahiti Nui, dont la destination a de quoi faire rêver.
Cette très belle et complète visite s’achèvera par la photo de groupe, avec derrière nous, le Concorde d’Air France F-BVFF en suspension, semblant être en plein décollage.
Ultime souvenir symbolique, un appareil de la British Airways passant à proximité du Concorde.
Merci encore à Jean-François Louis pour cette nouvelle visite et aux personnes de la Maison de l’Environnement pour leur accueil, et toutes les très intéressantes explications qui nous ont été fournies sur cet aéroport Charles de Gaulle et son fonctionnement.
Eric Le Faucheur avec les précisions d’Eric Domage et de Jean-François Louis (AAMA)
Remerciement à eux pour les photos