4) – L’entraînement en Amérique
5) – Les opérations en Algérie
Un employé du service de documentation du Musée qui, avec beaucoup de gentillesse, m’aidait dans mes recherches, m’a dit, un jour : « Nous lisons vos articles avec plaisir mais vous ne parlez jamais que des avions. Or, les avions, nous les connaissons mais, vous qui en avez piloté certains, parlez-nous de vous et de ce qu’a été votre vie de pilote. Racontez-nous vos aventures et vos états d’âme quand vous étiez enfermé dans votre cockpit. Qui d’autre que vous peut le faire ? Si ceux qui l’ont vécu ne nous le disent pas, nous ne le saurons jamais ». Il avait, bien sûr, mille fois raison ; nous laissons généralement aux autres le soin de raconter les histoires qui ont accompagné le déroulement de nos carrières, nous contentant de gloser, entre nous, sur les erreurs que nous découvrons dans l’interprétation des faits. Il est clair que plutôt que de ricaner, nous ferions mieux de prendre nous-même la plume pour témoigner de ce que furent nos activités. Inconvénient, cela demande un certain talent (pour ne pas dire un talent certain) d’écrivain et tout le monde n’est pas capable d’écrire Terre des Hommes, Le Grand Cirque ou La Vallée Heureuse. Si nos camarades, personnels au sol, nous désignent souvent sous le sobriquet, peu valorisant, de « branleurs de manches », c’est bien parce qu’ils ne placent pas le personnel navigant, et en premier lieu, les pilotes, au firmament de l’intelligentsia philosophico-littéraire des Forces armées. Je vais pourtant essayer de vous raconter quelques épisodes de ma vie de pilote. À quelques détails près, c’est aussi l’histoire d’un bon millier de ceux qui, comme moi, ont été brevetés au début des années 50. Pour ce faire, je vais m’appuyer sur cet avion jaune, oh ! combien mythique lui aussi, que vous trouverez dans le hall de la cocarde, le North American T-6, baptisé Texan.
Pour nous tous, la rencontre avec cet appareil s’est déroulée au cours de deux épisodes bien distincts, l’entraînement en Amérique et la participation aux opérations de maintien de l’ordre en Algérie. Ces deux volets de nos carrières n’ont d’autre point commun que l’utilisation du T-6 ; nous allons les aborder l’un après l’autre, car ils sont une part importante de l’histoire de notre génération.
Article extrait du Pégase n°138 de septembre 2010.