Cette Visite exclusive du 11 juin au centre météo d’Orly était la deuxième édition, la précédente réalisée le 26 mars dernier ayant été rapidement complète.
Nos groupes furent accueillis par Julien Desplat, responsable du centre depuis 2020. Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale de la Météorologie, spécialisé dans les thématiques de météorologie urbaine et de l’adaptation des territoires au changement climatique.
Notre hôte commence par un exposé très complet sur Météo-France.
Rattaché au ministère de la Transition écologique, Météo-France a le statut d’un établissement public à caractère administratif. Ses effectifs comptent plus de 2500 personnes. A noter que durant les douze dernières années, 1500 postes ont été supprimés compte tenu de l’automatisation croissante à la fois des mesures et de leur analyse.
Le budget actuel est d’environ 420 M€ abondé pour moitié par l’Etat. Les autres recettes proviennent, pour une grosse part, des redevances aéronautiques (taxe de survol en espace aérien français), d’une participation européenne au système satellitaire EUMETSAT, et de divers contrats privés. A noter parmi ces contrats celui avec le groupe TF1, renouvelé depuis de nombreuses années.
Météo-France a la charge de nombreuses missions. Ses prévisions sont indispensables à la sécurité des transports tant terrestres qu’aériens et maritimes, à la prévention des feux et à l’anticipation d’événements hors normes (épisodes orageux intenses, submersion…). Elle est aussi impliquée lors d’événements sportifs importants (Jeux Olympiques, Roland Garros…) et certains centres sont spécialisés dans la météo marine ou montagne.
Autre mission de Météo-France, l’archivage et l’exploitation des données météorologiques, qui est indispensable pour le suivi et la recherche climatologique.
Il faut savoir que les armées ont leurs propres services météo, avec des personnels formés comme leurs collègues civils à l’ENM (Ecole Nationale de Météorologie) de Toulouse.
Après un rappel détaillé et très bien illustré des risques dus aux phénomènes météorologiques (turbulences, givrage, foudre…) notamment pour les aviateurs, la présentation se poursuit par un focus sur la météorologie aéronautique et l’état des connaissances sur le changement climatique.
L’activité des 280 personnels dédiés au domaine aéronautique permet de fournir une assistance aux centres de contrôle aériens français ainsi qu’à Eurocontrol. Météo-France est également chargée du suivi des nuages volcaniques et des tempêtes solaires (risque de perturbations des communications radios et des systèmes de navigation).
Une part essentielle de l’action en faveur de l’aéronautique est la collecte des données météorologiques. Ainsi, les paramètres de 120 aéroports (métropole et territoires ultramarins) sont mesurés, enregistrés et diffusés toutes les 30 min ou toutes les heures. L’essentiel de ces mesures est maintenant réalisé automatiquement.
Onze centres de rattachement aéronautique (CRA) permettent une première analyse des données collectées sur une zone donnée (à l’échelle de trois ou quatre départements) et entretiennent en permanence une prévision allant de quelques heures à sept jours. Sous la forme d’un aérogramme, cette prévision est actualisée toutes les heures pour J et J+1, toutes les trois heures pour J+3 et J+4, tous les jours pour J+5 à J+7.
Ces prévisions constituent l’adaptation locale de la prévision générale produite au centre principal de Toulouse.
Les moyens de calculs, avec deux supercalculateurs Bull acquis en 2014, multipliant par 12 la puissance du système de calcul par rapport à la configuration précédente (avec une puissance de 1 pétaflops, soit un million de milliards d’opérations par seconde !), sont utilisés pour l’élaboration des cartes et diagrammes sur lesquels travaillent les prévisionnistes.
De 1900 à nos jours, les températures moyennes en France ont augmenté de 1,8°C.
Ce réchauffement a entraîné une augmentation des pluies, principalement au nord du pays. Une baisse du nombre des chutes de neige a été enregistrée, mais avec des quantités pratiquement constantes. Les tempêtes présentent des variations cycliques sans évolution globale. Les épisodes caniculaires (données de 1947 à nos jours) sont plus fréquents et plus prolongés, surtout à partir de 2000.
Dans le domaine aéronautique, les canicules peuvent entraîner des conséquences opérationnelles (impact sur les limitations, baisse de la charge offerte). Les phénomènes dangereux pour les vols pourront augmenter en intensité et en fréquence (turbulence en ciel clair, orage, givrage…). En Europe, 200 aérodromes sont potentiellement concernés par une élévation du niveau des mers.
L’aviation est responsable de 3,5% des effets du changement climatique. Deux causes principales sont identifiées. La plus directe est l’émission de gaz à effet de serre. Les traînées de condensation (contrails) produites par les vols à haute altitude ont également des effets mesurables. Des recherches sont en cours pour modifier les trajectoires de vols pour diminuer la concentration des traînées dans certaines zones.
Situé au sud-est de l’aéroport, le CRA d’Orly est un des derniers centres dans lesquels les observations ne sont pas toutes réalisées automatiquement. Situé au deuxième étage (avec une vue superbe sur la piste 07/25 et les aérogares), un poste est dédié au classique tour d’horizon de l’observation telle qu’elle était pratiquée jadis.
Trois autres postes de travail, gérés 24h/24 toute l’année, chacun équipé de quatre écrans d’ordinateurs, sont dédiés aux prévisionnistes. Ces écrans permettent l’accès aux multiples applications disponibles sur le réseau de Météo-France.
Ils assurent le travail de mise à jour permanente des prévisions, élaborent et transmettent les messages standards du domaines aéronautique (METAR, TAF…) dont Julien Desplat indique les règles de publication. Le centre d’Orly est chargé de l’édition de ces messages pour les 70 aérodromes de son ressort.
Leur mission se complète de l’assistance aux centres de contrôle aérien (CNRA d’Athis-Mons, le contrôle du terrain d’Orly). Cette assistance comprend l’alerte en cas de phénomène dangereux (orage, chute de neige ou pluie verglaçante…). Elle est renforcée pour les aérodromes français les plus importants (Roissy, Orly, Nice, Lyon).
En outre, la mission du CRA prévoit le support d’autres CRA, soit en condition normale (plage de repos nocturne de 3h des prévisionnistes), soit en situation de crise (événement interdisant l’accès aux locaux par exemple). Le CRA d’Orly a aussi un poste dédié à la couverture de divers centres ultramarins.
Dernière mission du CRA, l’assistance aux vols VFR, aux pilotes d’hélicoptères du SAMU et même aux aérostiers !
La visite s’est ensuite prolongée par un échange avec les prévisionnistes dans la salle qui leur est dédiée. Ils ont pu répondre à nos nombreuses questions tout en assurant leurs tâches.
Qu’ils soient ici chaleureusement remerciés ainsi que le responsable du centre, Julien Desplat, pour cette disponibilité bienveillante.
Nous pouvons féliciter notre vice-président Jean-François Louis pour ces visites originales et qui a inclus un médiateur du Musée de l’Air, qui pourra ainsi développer un module sur la météo aéronautique dans les animations au Musée.
Jean-François Louis et Alain Rolland (membres AAMA)