Visite de l’AAMA à l’héliport Valérie André à Issy-les-Moulineaux

Nous étions 21 membres de notre association en ce début d’après-midi ensoleillée du 6 juillet à nous retrouver devant l’entrée de l’héliport Valérie André* à Issy-les-Moulineaux (entrée qui se trouve en fait dans le 15e arrondissement de Paris), en compagnie de Philippe Boulay, membre AAMA et président de la commission historique de l’Union Française de l’Hélicoptère, qui va nous faire profiter de son expertise en matière de voilures tournantes durant cette visite exclusive de l’héliport.

Après le contrôle de nos identités par la gendarmerie et un rapide briefing de bienvenue et de présentation de la visite, nous pénétrons sur le terrain et nous nous dirigeons vers la tour de contrôle, enfin si l’on peut dire tour car elle se trouve au niveau du sol, où le contrôleur aérien en service nous initie aux contraintes d’approche et de décollage des machines utilisant l’aéroport.

Nous apprenons notamment que les pilotes doivent veiller à ne jamais survoler la capitale, leur fil rouge étant constitué par le boulevard périphérique. De plus les commandants de bord doivent avoir pratiqué l’héliport au cours des 24 derniers mois et avoir reçu une formation spécifique pour connaître ses conditions particulières d’exploitation.

En matière de trafic, de nombreuses restrictions s’exercent notamment en matière de vols privés, les vols circulaires avec passagers étant interdits sauf si une escale de plus d’une heure est prévue au cours du vol. Les samedis, dimanches et jours fériés, le trafic journalier est limité à 70 mouvements.

Le nombre de mouvements annuels sur l’héliport est plafonné à 12 000. Cette limite n’est actuellement pas un problème : 7 500 mouvements ont été assurés en 2022 contre près de 10 000 en 2018. L’héliport est uniquement VFR et fermé la nuit.

Puis nous laissons le contrôleur à son activité, et notre guide relate l’histoire de cet héliport, qui a débutée en 1890 à l’issue de l’exposition universelle.

Exclus du Champ de Mars car contrairement à ce qui était prévu la Tour Eiffel n’est pas démontée, l’armée se voit attribuer un champ de manœuvres à Issy-les-Moulineaux délimité au nord par l’enceinte de Thiers.

Ce champ de manœuvres devient dès 1907 un terrain d’aviation sous la pression de cette activité naissante qui recherche des lieux proches de la capitale pour se développer.

De nombreux aviateurs du début du XXe siècle ont fréquenté ce terrain : Henri Farman ; Louis Blériot ; Alberto Santos-Dumont ; Gabriel et Charles Voisin ; Jules Védrines et d’innombrables exploits, qu’il serait fastidieux de décrire ici, y ont eu lieu.

Mais déjà la vocation voilure tournante du terrain se dessine, puisque c’est là qu’en 1922 le constructeur argentin Raúl Pateras Pescara de Castelluccio (émigré en France au début de la Grande Guerre), effectue des essais sur des machines de sa construction et met au point la commande de pas cyclique et réalisera le 18 avril 1924, un vol de 736 m en ligne droite.

A noter que l’une de ses machines est exposée au Musée dans le hall des…Voilures Tournantes.

En raison de l’urbanisation galopante autour du terrain, des nuisances et des risques induits par la longueur de la piste (initialement 800 m, seulement 350 m aujourd’hui et non revêtue), le terrain d’Issy-les-Moulineaux est interdit aux avions à partir de 1953.

Aujourd’hui l’héliport est dévolu à la fois à des activités de vols privés (transport de passagers ; vols touristiques ; travail aérien…), ainsi qu’à des vols du service public (SAMU ; Sécurité Civile ; vols militaires et d’appareils d’Etat ; rapatriements sanitaires…)

Bien qu’uniquement VFR et fermé la nuit, l’existence de l’héliport est régulièrement remise en cause compte tenu des importantes nuisances sonores et de l’impact négatif de la plateforme sur l’environnement.

L’Etat et la mairie de Paris ont donc décidé de limiter à compter de 2024, les vols aux seules activités de services publics et dans le futur aux taxis aériens (e-VTOL), tandis que la surface va être réduite de 7 à 3,5 ha et la plupart des bâtiments présents sur le site détruits.

Une fermeture totale avait même été évoquée mais l’Etat, au travers de la DGAC, a considéré que le maintien de l’héliport qui sert de base hélicoptères pour la Sécurité Civile de Paris, était indispensable pour assurer des missions de service public.

A l’issue de cet exposé fort enrichissant, nous nous dirigeons vers le hangar abritant les activités et machines de la société Helifirst, qui assure du transport de passagers et diverses activités telles que la fourniture d’hélicoptères pour l’émission télévisée La carte aux trésors.

Emission que la dirigeante de l’entreprise nous encourage vivement à regarder avant de décrire au travers d’un exposé particulièrement vivant et cash les activités et contraintes, bref le quotidien d’une entreprise exploitant des aéronefs, et elle évoque son inquiétude à la suite de la restriction imminente des activités de l’héliport.

A noter, détail amusant, que la société Helifirst possède des ruches disposées sur l’héliport et produit un miel de fort bonne facture : comme quoi les hélicoptères et la nature peuvent faire bon ménage.

Un Ecureuil AS 355N, propriété d’Helifirst, est d’ailleurs présent dans le hangar, ainsi qu’une vénérable Alouette 2, propriété quant à elle d’une personne handicapée. La machine est ainsi aménagée pour être pilotée sans utiliser les membres inférieurs.

Ensuite nous prenons le chemin vers les locaux de la société SAF Helicap qui fournit entre autres les SAMU du nord du pays en hélicoptères et pilotes et assure la maintenance des machines.

Là aussi, un dirigeant de l’entreprise décrit ses activités et de nombreux échanges ont lieu entre les participants AAMA, Philippe Boulay et notre interlocuteur.

Pendant qu’une machine atterrit à quelques dizaines de mètres de notre groupe, nous nous rendons à proximité du hangar de la Sécurité Civile ou diverses machines sont parquées.

En chemin, Philippe Boulay nous montre une plante présente dans l’herbe de la piste. Cette plante, une variété de roquettes (salades) est très peu fréquente en région parisienne, mais présente en abondance sur l’héliport, allez savoir pourquoi !

Enfin nous terminons notre périple à la gendarmerie de l’héliport ou le responsable décrit les missions de sa brigade, qui intègrent entre autres le fait de sanctionner les pilotes ne respectant pas les règles d’utilisation de la plateforme. Là aussi bien sûr, les échanges s’engagent entre nos membres et les gendarmes. Nous leur proposons d’ailleurs pour les remercier de leur accueil une visite accompagnée -et gratuite pour la part AAMA- du Musée de l’Air !

Cette ultime visite exclusive avant la parenthèse estivale fut une immersion passionnante et variée dans le monde des voilures tournantes que peu d’entre nous connaissaient vraiment m’a-t-il semblé et la découverte d’un site unique avant sa prochaine mutation, le tout animée de façon dynamique et conviviale par notre Ami Philippe Boulay que nous remercions tous vivement.

Jean-François Louis (AAMA)

Remerciement pour les photos à Pierre Gain (AAMA)

Retour vers les actualités de l’AAMA et du Musée.


*Valérie André : née le 21 avril 1922 à Strasbourg.

Première femme titulaire d’un brevet militaire de parachutiste, première femme neurochirurgien militaire, première femme titulaire d’un brevet de pilote d’hélicoptère en Europe.

En tant que pilote d’hélicoptère militaire, 165 blessés évacués en situation de guerre en Indochine, près de 500 missions de guerre entre 1951 et 1962.

Première femme à atteindre le corps des officiers généraux, et à atteindre le grade le plus élevé de sa formation : médecin général-inspecteur du service de santé militaire.

Femme militaire la plus décorée au Monde ; pour ne citer que les plus importantes, Grand-Croix de la Légion d’Honneur, Grand-Croix de l’Ordre National du Mérite, commandeur des Palmes académiques, Croix de guerre 39-45 et Croix de guerre TOE (avec de nombreuses citations), Valeur militaire…

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