Ce sixième Carrefour de l’Air restera comme un bon cru.
Non pour la météo, qui fut comme les cinq fois précédentes, exécrable le samedi et bien ensoleillée le dimanche, mais plutôt pour les conférences, l’inauguration de l’exposition « Restaurer les avions de musée » et, pour la première fois, des démonstrations en vol de certains avions venus au Bourget.
Le vendredi commença avec ces rencontres sur le thème de la restauration des avions. Le premier à intervenir fut Christian Tilatti, conservateur en chef du Musée de l’Air, abordant l’évolution des pratiques de restauration.
Ensuite ce fut le capitaine Sylvain Champonnois, du Service Historique de la Défense (SHD), qui communiqua sur les archives aéronautiques de l’armement. Il n’est pas inconnu à l’AAMA puisqu’il est membre de notre Conseil d’administration et a écrit quelques articles dans notre revue Pégase.
David Aguilella Cueco, restaurateur, le remplaça. Il fit un parallèle entre l’approche de restauration du Blériot XI de la traversée de la Manche, appartenant au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) et le Breguet XIX « Nungesser et Coli » de Costes et Le Brix des collections du Musée de l’Air.
Après la pause déjeuner et l’inauguration de l’exposition, une séance de débat se déroula l’après-midi en présence de Catherine Maunoury avec Max Armanet, Bernard Chabbert, Luc Fournier (qui nous avait écrit un article dans notre Pégase n°152 de mars 2014) et Stephen Grey en invité spécial.
Revenons sur l’inauguration.
C’est donc à l’horaire prévu que le vernissage de cette exposition « Restaurer les avions de musée » se déroula.
Catherine Maunoury fut la première à s’exprimer par un beau discours suivie de Christian Tilatti, heureux de cette exposition montrant le travail des ateliers du Musée dont il est en charge.
Le ruban tricolore fut coupé de concert par eux deux sous les applaudissements et un morceau fut offert à Stephen Grey.
Laurent Rabier proposa aux invités une visite de l’exposition, qui après une présentation du contexte général et des règles qui régissent ces travaux, s’appuie sur deux restaurations d’avions du Musée de l’Air.
Le Dewoitine D.530 de Marcel Doret (exposé depuis 2014) et dernièrement le Morane AI d’Albert Fronval.
Autant pour le premier, l’intervention se limita à un décrassage, avec une approche curative de la corrosion et une restauration de l’entoilage. Autant le deuxième nécessita un travail beaucoup plus important pour éviter une dégradation majeure.
Tout est parfaitement expliqué sur de nombreux panneaux illustrés de croquis ou de photos et des vidéos apportent des informations complémentaires.
En prime le Musée a eu la fabuleuse idée de sortir le Caudron 714R qui n’était plus visible depuis la fermeture des anciens halls A et B, il y a 20 ans. Lui aussi mériterait une restauration.
En sortant de cet espace on ne peut-être qu’admiratif du talent et du professionnalisme du personnel des ateliers du Musée de l’Air.
Un cocktail fut ensuite offert aux nombreux invités. Notre association était représentée par nos vice-présidents Jean-Pierre Lopez et Alain Genter, notre secrétaire général Alain Rolland et notre trésorier-adjoint Pierre Gain tandis que notre président François Chouleur, effectuant une visite guidée, arriva plus tard.
Le samedi, ce que tous les habitués redoutaient devenait réalité. Un temps maussade, froid et venteux avec des passages pluvieux prévus et pourtant nous étions le 30 avril !
Huit de nos bénévoles avaient rendez-vous à 9h30 aux pieds des Fouga pour prendre tout le matériel destiné à notre stand qui avait été parfaitement préparé par Pierre Leydier en charge de ces opérations.
Rapidement sur place, ils ont enfilé nos gilets rouges siglés AAMA et se sont attelés à monter notre stand. Pour la première fois nous utilisions des calicots avec notre nom et notre logo. Nous étions très visibles et facilement reconnaissables, favorisant notre communication.
Comme tout le monde nous attendions l’arrivée des avions.
Sur le tarmac un Bréguet ATL2 de la Marine était déjà là. Une première au Musée de l’Air ! D’ailleurs le Bréguet Atlantic du Musée avait été placé également sur le tarmac, permettant de les comparer.
Fini l’inquiétude. Vers 11h, sous un ciel gris, deux avions se sont posés au Bourget. Le P40 Warhawk et le P51 Mustang. Puis vint le bruit du doux ronronnement caractéristique des deux moteurs du DC3.
Un appareil vient se parquer devant le grillage, très ennuyeux pour les photographes, et nous reconnaissons le pilote de cet Emeraude : Alain Rolland notre secrétaire général.
C’est la troisième fois qu’il peut noter sur son carnet de vol cette étape du Bourget, LFPB. Peu peuvent en dire autant.
Le plafond n’étant pas trop mauvais et la visibilité correcte (environ 20 kilo de visi, diront les pilotes) presque tous les avions prévus sont venus. On peut regretter l’absence du Yak 3 et de l’Extra 300, nous privant d’un vol de présentation de Catherine Maunoury.
Les équipages étaient accueillis comme il se doit, avec distribution de badges spéciaux, et pouvaient se réchauffer tranquillement avec un bon café.
Pendant l’heure du repas dans le salon Dollfus, les membres des associations et les équipages déjeunaient côte à côte, comme dans une grande fraternité aéronautique. Pendant ce temps-là la première rangée des disgracieux grillages était enlevée pour permettre de s’approcher des quelques appareils qui ne devaient pas voler dans l’après-midi.
Effectivement, pour la première fois des démonstrations aériennes allaient avoir lieu lors de ce sixième Carrefour de l’Air.
Avant quelles ne commencent, les pompiers de l’aéroport du Bourget ont réalisé devant le public un exercice de lutte d’incendie d’avion. Exercice qu’ils exécutent très souvent, ici même au Bourget. Rassurez-vous, l’appareil arrosé régulièrement n’est pas des collections du Musée de l’Air.
La météo se dégradait de plus en plus comme pour contrarier le bon déroulement des opérations. Bernard Chabbert chaudement vêtu, a, grâce à son talent de conteur, fait patienter le public.
Et puis le spectacle commence. Le premier à s’élever dans le ciel était Le DHC1 Chipmunk, piloté par Gérard Caubergs, suivi par un Stampe remotorisé, changeant sa ligne bien connue. Avec ses couleurs bariolées, typiques USA des années 30, le Stearman PT17 laissa la place au Curtiss P40 avec son dessin de tête de mort sur son moteur. A peine posé, le célèbre Mustang décollait montrant sa puissance.
Nicolas Ivanoff nous a ensuite présenté une séance de voltige à bord d’un des très rares Beechcraft Bonanza certifié « voltige ». Ces machines sont généralement considérées comme la Rolls des avions de voyage.
La pluie commençait à tomber lorsque la vedette du jour, le Curtiss H75, aux couleurs de l’Armée de l’Air en 1940, rejoignit les cieux. Il était déjà venu en 2013, mais c’est toujours poignant de voir le dernier de son espèce. Son propriétaire, le francophile Stephen Grey, serait ravi qu’il soit basé en France. On ne peut que souhaiter que ce soit réalisable.
La dernière présentation a été celle du Zlin 526.
Pendant que les avions revenaient au parking, le froid se ressentait de plus en plus et les spectateurs désertaient le tarmac pour se réfugier dans le Musée à la recherche d’une source de chaleur.
Par un esprit de contradiction évident, le vent glacial cessa vers 17h. Les visiteurs les plus tenaces ont pu alors prendre en photo les avions stationnés sur le deuxième parking. Déjà quelques appareils partaient, comme le DC3, qui n’avait pas volé l’après-midi et notre Ami Alain Rolland avec son Piel Emeraude, pour rejoindre son aérodrome, très proche : Chelles.
Après la fermeture du Musée, les associations étaient invitées à un lunch comme tous les ans.
Nous pouvions voir depuis le salon Dollfus, dans une douce chaleur, le Bréguet ATL2 tracté pour un départ une heure plus tard.
Tandis que Bernard Chabbert fêtait le premier anniversaire de la chaîne de télé Aérostar TV (vous pouvez la voir exclusivement sur les box d’Orange, canal 109, de Bouygues, canal 221 et depuis le début mai, sur Free, canal 146), Catherine Maunoury intervenait devant les nombreux représentants des associations qui avaient fait le déplacement pour ces rencontres.
Le plus désespérant était qu’à la fin de cette journée, le ciel devenait de plus en plus bleu annonçant le temps magnifique qui sera au dessus du Bourget que le lendemain.
Trop tard !
Dimanche, il fallait être matinal. Il faisait froid mais le ciel était limpide.
Les derniers avions partaient déjà, le Mustang et le P40 en patrouille, puis le T6 suivi du H75.
Par la suite le Chipmunk, suivi du Zlin 326 et du dernier, le Morane-Saulnier 733 dont la robe aluminium étincelait sous les rayons du soleil.
Nos bénévoles ont apprécié ce week-end.
Chaque jour 11 membres de l’AAMA étaient présents sur notre stand, permettant à chacun de visiter l’exposition ou d’assister aux vols.
Deux nouveaux se sont joints à l’équipe pour ce week-end, Jean-Jacques Blancheton et Francis Dumée, qui ont fait leurs premières armes. Ils ont été bien accueillis et bien efficaces. L’AAMA est très heureuse de les compter parmi ses membres.
Nous avons réalisé de bonnes ventes, d’un montant de 600€, et avons eu quelques nouvelles adhésions. Nous leur souhaitons la bienvenue au sein de notre association.
La fin d’après-midi annonce la fin de ce week-end. Rapidement nos membres rangent nos affaires et prennent la direction de notre cave dans les sous-sols du Musée. L’affaire est promptement menée.
Nous espérons que l’année prochaine soit plus ensoleillée pour cet évènement et que nous ayons un stand encore plus attrayant, une fois que nos projets d’amélioration seront réalisés.
Frédéric Buczko, Pierre Gain, René Protois, Alain Rolland (AAMA)